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"Le boa qui avale sa queue" de Issaka Herman Traoré

Il est paru aux éditions l'Harmattan, 2007 dans la collection "Ecrire l'Afrique", un ouvrage intitulé "Le boa qui avale sa queue" de notre compatriote Issaka Herman Traoré. C'est le récit de la vie de Koudjougou, dans sa version parcours du combattant.

L'histoire de Koudjougou, le héros du roman commence à Haram, une République au sud du Sahara. Multi-ethnique, ce pays d'une quinzaine de millions d'âmes est à population margou fortement ancrée dans les traditions ancestrales. Moulé dans la culture margou, Koudjougou fut un adepte des sciences divinatoires dans lesquelles excellent les grands prêtres ou "Tambipwalo". Ils ont le pouvoir d'analyser, de décrypter et d'interpréter le passé, le présent et surtout le futur. Dépositaires du savoir ancestral caché dans le sable, ces maîtres du pouvoir possèdent la faculté de protection contre les mauvais esprits et la capacité de faciliter la réussite professionnelle, sociale et financière de leurs clients.
Fils du terroir, Koudjougou a, à plusieurs reprises, eu recours aux grands prêtres dont le célèbre Dilati, son protecteur spirituel. Après de brillantes études primaires et secondaires, il est admis à l'Université de Fallah, capitale de Haram au début des années 70. Embauché au World Wide Welfare au terme de ses études, Koudjougou bénéficiera par la suite, non sans peine, d'une bourse pour un parcours universitaire à Baila Atha. Fidèle à ses traditions, il fera beaucoup d'offrandes à ses ancêtres pour contrer l'action des jaloux et se garantir de brillantes années universitaires. Dans ce pays lointain, Koudjougou allie aisément ascension scolaire à l'université catholique et militantisme dans le parti socialiste des travailleurs où militent bon nombre de ses professeurs.
De retour dans son pays, il ne pourra mener à bien un parcours professionnel à cause des entraves multiples et multiformes liées à la situation sociopolitique et économique de son pays. Ce faisant, malgré les promesses de sa hiérarchie faites avant son départ lui garantissant un poste dans son ancien service, tout sera mis en œuvre pour empêcher sa reprise de fonction à World Wide Welfare. Et voilà Koudjougou dans une situation des plus précaires, sans emploi. Sa femme Lynda le quitte au moment même où il avait le plus besoin de son soutien.
Pour autant, Koudjougou ne baisse pas les bras. Mieux, il utilise sa tête, son intelligence, toutes ses facultés pour se tirer d'affaires. Mais pas dans son domaine de formation mais dans un autre registre.
A Haram, la situation n'est pas des plus roses, encore moins sereines. Pire, le pays est confronté à une avalanche de meurtres, d'assassinats, de magouilles, de peaux de bananes, de détournements, de népotisme, de mal gouvernance... Bref, la situation de Haram, à l'instar des autres pays africains est comparable au boa qui attrapait ses proies par ruse, les avalait et s'en allait dormir d'un sommeil tranquille pendant des jours, des semaines, voire des mois pour digérer. Seulement, si le boa se trompait de proie, et prenait sa queue pour une proie, l'inévitable risquait fort de se produire. Lentement mais sûrement, les pays africains sont en train de "déguster" leurs queues, de ... s'asphyxier. En témoignent les guerres tribales, les génocides, les assassinats politiques, les rébellions armées, les misères, les jalousies, les méchancetés et autres qui condamnent la grande masse des populations à une mort certaine.
Le vrai malheur des Etats africains, ce sont ses hommes et femmes instruits et formés en l'Occident pour planifier et mettre en œuvre les projets de société et gérer l'aide extérieure sous toutes ses formes. Ces derniers se sont faits un objectif simple : la politique du "sers-toi, mange et tais-toi"; la politique du ventre. C'est alors les manigances de toutes sortes.
Résultats, nombreux sont les Etats africains qui, aujourd'hui, sont à la croisée des chemins. Mais quels changements pourraient donner un meilleur avenir aux populations africaines? Koudjougou, le héros du roman propose "La fédération des Etats", avec un modèle de gestion basé sur la coexistence du système traditionnel et celui moderne pour, par effet tache d'huile bâtir un monde nouveau, un monde de paix, où le maître-mot serait l'échange et non la domination.

Sita TARBAGDO

Sidwaya



11/02/2008
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