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Hipolyte Ouangrawa dit "M'Ba Boanga"/"Ma femme est ma sève nourricière"

 

"Ma femme est ma sève nourricière"

L'une des "pupitres d'or" du Burkina Faso en matière de théâtre se nomme Hipolyte Ouangrawa, plus connu sous le pseudonyme de M'Ba Boanga. Talentueux comédien, il a déjà derrière lui une longue carrière. Aujourd'hui, il a ajouté à son expérience de comédien les titres de metteur en scène et directeur de troupe. Cet homme jovial mène sa barque malgré les aléas qui minent le 7e art et le théâtre.
Rencontre.

S.M.P. : Qui est "M'Ba Boanga" ?

Hipolyte Ouangrawa (H.O). : Je suis un acteur comédien qui consacre tout son temps à la sensibilisation la population pour le changement de comportement vis-à-vis des enfants dans les foyers et dans la société pour le bien-être de la personne.

“Je suis resté aux côtés de Prosper Compaoré pendant 18 ans”.

S.M.P. : Vos difficultés dans ce métier ?

H.O. : Dans la vie, chaque chose que tu entreprends porte ses difficultés, mais quand on aime ce qu'on fait, les difficultés sont moindres parce qu'on sait à quel moment dominer les obstacles pour atteindre les objectifs. Quand on crée une pièce théâtrale, il faut d'abord connaître le milieu (les hommes) qui ont le même problème, les enjeux maîtrisés, le thème qu'on veut sensibiliser, mais une fois que ton problème à toi est plus que celui-là que tu vas rencontrer, c'est sûr à cent pour cent que tu n'atteindras pas tes objectifs. Il faut que tu aies moins de problèmes pour comprendre l'autre avant de pouvoir essayer de décortiquer et réussir à le sensibiliser par le médium du théâtre-forum.

S.M.P. : Si votre vie était à refaire, quel métier feriez-vous ?

H.O. : Je referai le théâtre, rire pour faire passer un message, amener la paix, l'amour, rire pour que quelqu'un puisse reconnaître ses difficultés, le soulager par le rire, l'amener à comprendre que le rire est un soulagement de paix de l'âme et de la personne et la paix du pays, c'est très important.

S.M.P. : Pouvez-vous évaluer l'impact du théâtre-forum que vous avez mené sur différents sujets, telles la violence contre les enfants, les femmes et l'excision. Est-ce que votre message a porté fruits?

H.O. : Vraiment, votre question est la bienvenue. Nos partenaires avec lesquels nous avons eu à travailler sont revenus nous dire leur satisfaction et demander à ce qu'on reparte sur le terrain car l'impact est immédiat une fois que le sujet est traité devant des milliers de personnes. Par le spectateur qui devient acteur, on reconnaît si le message a passé ou non. Faire le théâtre-forum est délicat et c'est un couteau à double tranchant différent du théâtre. Tant qu'on n'arrive pas à comprendre que si tu rates au théâtre-forum au lieu de sensibiliser, tu détruis avec des mauvaises idées, ce qui conduit à un changement de comportement néfaste sur la population. Dans le message que tu dois faire passer, il faut que la personne puisse changer positivement mais il y a plusieurs personnes qui disent moi j'ai fait le théâtre et ils ont ri ; d'accord mais est-ce qu'ils ont compris le message que tu as fait passer ? Le partenaire après évaluation sur le terrain ne viendra pas te dire qu'il a constaté un changement positif dans tel sujet ciblé. Je prends le cas de quelqu'un qui refuse de payer ses impôts et vous l'amenez à comprendre pourquoi il doit payer ses impôts. Payer ses impôts ne devient plus un problème. Dans le théâtre-forum, il faut amener les gens à ne pas payer leurs impôts en essayant de renverser les gens, les tordre et en ce moment le public réagit. C'est ce grain de sel qui fait naître dans l'esprit des gens qu'il faut payer l'impôt. C'est ce qui manque à ceux qui croient qu'ils ont fait du théâtre-forum, j'ai fait deux ou trois années je peux faire du théâtre-forum, je dis non, c'est très délicat.

S.M.P. : Parlez-nous de vos débuts.

H.O. : J'ai commencé le théâtre avec Prosper Compaoré dans l'Atelier théâtre burkinabè. J'étais l'un des premiers comédiens. J'ai 18 ans d'expérience avec Prosper. Un jour, il me dit : va créer ta troupe. Au début, c'était le Théâtre de l'espoir, l'espoir pour le développement. Tout petit que je suis, pas par la grandeur du corps mais par la grandeur de l'esprit, compte tenu du fait que mon niveau intellectuel ne me permettant pas de rencontrer les "grands", il fallait par l'expérience que j'ai reçue avec Prosper Compaoré et avec d'autres metteurs en scène, essayer de pouvoir émouvoir le cœur de ceux qui croient que le théâtre-forum est un moyen de sensibilisation et de conscientisation. J'ai alors recruté des gens qui n'avaient pas fait le théâtre à aimer le théâtre, à faire bouger le corps, et faire passer le message par ses actions. C'est là ma satisfaction morale. Savoir que le partenaire est content parce que vous avez réussi à faire passer votre message vous honore. Voilà comment le Théâtre de l'espoir est né en 1995 avec dix acteurs. D'autres sont partis pour créer leur troupe. Chaque personne a reçu ce que je leur avais promis au départ, suivre quelqu'un pendant plusieurs années dans le théâtre, c'est qu'on vous croit et ils gagnent quelque chose.
Les débuts sont toujours difficiles. Tout ce que j'ai réalisé est le fruit du théâtre-forum sans aide sans prêt, ni don.

S.M.P. : Quelle est votre situation familiale et est-ce que les membres de votre famille vous prennent au sérieux ?

H.O. : D'abord, j'ai 3 enfants et une femme et la première personne avec qui je m'amuse pour prendre source de vie c'est ma femme. Une fois que tu arrives à faire rire ton épouse avec qui tu partages tout, pendant tant d'années, il y a quelque chose qui naît. C'est elle qui est la source, la sève montante qui vit en moi, crée et si tu n'as pas la complicité de ton épouse qui partage la vie, c'est sûr à cent pour cent que tu as échoué. Maintenant au niveau des enfants c'est pareil. Il ne faut pas faire la dictature avec les enfants et on apprend la vie des enfants à travers tes enfants. C'est dans ta cour que tu prends racine.

S.M.P. : Racontez-nous une anecdote à l'endroit de nos lecteurs ?

H.O. : (Rires). Un jour, un mari s'est laissé prendre la main dans le sac. Il avait sa petite copine dans le quartier. Au lieu de s'éloigner, il est resté à côté. Chaque soir, il y allait et un jour sa femme l'a surpris et n'a pas manifesté sa colère. Elle avait un enfant en bas-âge. Le monsieur arrivé chez lui, prend le petit et parle avec lui en disant : (rires) on a enfin attrapé ton père. Ne ris pas mon enfant et la femme s'est mise à rire. Le rire soulage nos problèmes.

S.M.P. : Votre souhait le plus cher

H.O. : Que l'amour soit une permanence dans les foyers. Tout ce que nous entreprenons produira de belles fleurs. Mais si on arrive pas à avoir l'amour à l'intérieur, l'extérieur sera pire, l'enfer c'est l'homme qui le crée. Voici les trois problèmes qui se posent : la chambre, la véranda et la terrasse.

S.M.P. : Votre sport favori.

H.O. : Je pratique les arts martiaux, le baby-foot pour réveiller mon instinct et le jeu de dames.

S.M.P. : Le film qui vous a le plus marqué.

H.O. : "Vis-à-vis" avec le rôle de Ignace, le taximan. Au théâtre, il s'agit de "La misère de la vieille Silga" en hommage aux femmes du monde entier.

S.M.P. : Le spot publicitaire qui vous a le plus marqué

H.O. : Le spot sur le planning familial et sur la protection de l'environnement avec le spot sur Jean-Pierre

S.M.P. : Comptez-vous faire de la réalisation cinématographique ?

H.O. : Je ne veux pas faire du cinéma. Chaque personne doit exceller dans ce qu'il connaît. Cela renforcera le Burkina. Donner vie à ce qu'on fait. Etre réalisateur de cinéma, je ne crois pas, je ne veux pas, je ne rêve pas. Metteur en scène avec 32 personnes, c'est suffisant et je partage mon expérience c'est bon et Dieu merci. On peut filmer mes pièces théâtrales pour diffuser pour le bien-être des Burkinabè car l'or du Burkina ce sont ses hommes.

Sidwaya mag



25/02/2008
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