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Le pasteur de Barack Obama déclenche une controverse

Jeremiah Wright, pasteur de l'église de la "Trinity United Church" de Chicago à laquelle Barack Obama appartient depuis une vingtaine d'années a fait la une des médias américains en fin de semaine dernière à la suite de la diffusion de quelques uns de ses sermons qui ont déclenché la réaction des conservateurs de tout bord aux Etats-Unis. Les sermons du pasteur datent de 2001 et 2003.

S'exprimant au sujet des afro-américains en 2003, il avait déclaré : "le gouvernement leur donne [aux afro-américains] des drogues, construit des prisons plus grandes, passe une loi sur la récidive et veut que nous chantions 'God Bless America' (l'hymne national américain), Non, non, non, 'Dieu maudisse l'Amérique'. C'est dans la bible, vous tuez des gens innocents. Dieu maudisse l'Amérique parcequ'elle nous traite nous des citoyens comme des sous-hommes.

En 2001, après les événements du 11 septembre 2001, il avait déclaré : "nous avons bombardé Hiroshima, nous avons bombardé Nagasaki, nous avons tué bien plus qu'à New York et au Pentagone et nous n'avons jamais froncé un sourcil...Nous avons soutenu le terrorisme d'Etat contre les palestiniens et les sud-africains noirs, et maintenant nous nous indignons parceque ce que nous avons fait pendant des années revient dans notre arrière cour. Les poules retournent au poulailler." (Nous récoltons ce que nous avons semé)."
 
Barack Obama et Jerem
foxnews.com  
iah Wright

© foxnews.com
 

Barack Obama a réagi en condamnant les propos du pasteur Wright (qu’il connaît bien puisque c’est ce dernier qui aurait inspiré le titre de son livre "The audacity of hope") : "je dénonce catégoriquement toute déclaration qui dénigre notre grand pays ou contribue à nous diviser de nos alliés". Il expliquait dans quelles conditions il avait adhéré à l'église (où il a été mariée avec son épouse Michelle). Lors d'un meeting samedi, Barack Obama est revenu sur l'affaire en disant que les Etats-Unis avaient une histoire tragique en ce qui concerne les relations raciales, avec beaucoup de colère et d'amertume, d'incompréhension...Ce pays veut aller au délà. A propos des propos du révérend Wright, il a déclaré que s'il était quelqu'un qui découvrait le révérend Wright à travers ce genre de propos, il serait choqué".

Quant à savoir si les propos du pasteur Wright pourraient avoir des conséquences sur la campagne, les avis divergent :

Interrogé par le Huffingtonpost, Ismail K White, chercheur à Princeton, affirme que l’accent mis sur les commentaires du révérend Wright est une tentative d’éroder le positionnement rassembleur d’Obama et essayer de le définir comme un homme politique 'racial', de le faire plus ressembler à Jesse Jackson qu’à Colin Powell. L’association d’Obama avec Wright pourrait pousser des électeurs Blancs à penser par deux fois avant de voter pour lui, leur poussant à se demander ce qu’un président noir ferait une fois élu à la Maison Blanche...Est-ce que le positionnement rassembleur d’Obama va se terminer comme la coalition arc en ciel de Jesse Jackson ?"


D’autres observateurs pensent que les propos du pasteur Wright pourraient être une mauvaise publicité à Obama auprès des électeurs qui ne le connaissent pas encore, qui ne savent pas où le situer et qui par ces propos le découvriraient en quelque sorte pour la première fois...

En privé, certains supporters d’Obama s’inquiéteraient de ce que des preuves puissent émerger qu’Obama était présent à l’église le jour où le pasteur Wright a fait ces sermons.
Mark Kleiman, professeur de politique publique à l’université UCLA, et supporter d’Obama pense lui qu’Obama a clairement fait savoir que Wright représentait son passé, pas son futur. « Wright a été evincé du comité religieux de la campagne d’Obama, donc je ne pense pas qu’il y ait une problème politique légitime dans ce cas » a-t-il continue.

Selon Ira Katznelson, historienne et spécialiste de sciences politiques la controverse Wright se situe à "l’intersection du patriotisme et de la race", et pourrait être un point d’inflexion de la campagne. "Si Obama traite correctement ce problème, il pourrait émerger comme un candidat plus fort pour la suite des primaires et des présidentielles, mais s’il n'y arrive pas, alors sa désignation apparaîtra comme moins probable, et s’il est désigné, l’élection présidentielle commencera pour lui avec un terrain non favorable".



19/03/2008
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