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Lutte contre la vie chère/Jour de grève au Burkina

 

Jour de grève au Burkina

 

Aujourd'hui 8 avril 2008  et demain 9 avril  les centrales syndicales et les syndicats autonomes signataires du préavis de grève du 14 mars 2008 appellent leurs militants, les travailleurs, les élèves et les étudiants, les commerçants, les artisans ainsi que tous les acteurs du secteur informel à une grève, après avoir trouvé les réponses du gouvernement du 4 avril dernier dans l'ensemble négatives par rapport à leur plate-forme  revendicative.

 

La bourse du travail est bondée de monde. Visiblement, la grève est bien suivie. Boutique,  magasins, marchés, écoles lycées, et collèges de la capitale sont  soit fermés soit c’est le service minimum qui est assuré. «  On nous a dit que ce lui qui ouvre,  on va casser son magasin. C’est pourquoi j’ai fermé, mais je reste à la porte pour satisfaire discrètement la clientèle qui voudrait quelque chose » nous confie Mahamadou boutiquier au secteur 5. A toutes les grandes artères de la ville, la présence des forces de sécurité est visible. La police anti émeutes elle, fait des rondes, tout de noires vêtue et armé de  fusils à gaz lacrymogène. Les institutions financières elles fonctionnent avec une augmentation  des effectifs de sécurité. Chacun vaque à ses occupations advienne que pourra. « De notre mobilisation dépendra les décisions futures des autorités pour la satisfactions de nos revendications » clame un militant syndicaliste qui tente de convaincre des bandeaux qui semblent de rien comprendre du mouvement. « Pourquoi vos responsables ont refusé de rencontrer le gouvernement pour discuter ? Préférant appeler le ministre au téléphone pour décliner la rencontre ? Ce sont des comportements qui ne sont  pas bon dans une république surtout que les autorités font des efforts pour atténuer les effets de la vie chère. » Rétorque  un monsieur qui écoutait  religieusement le militant syndicale. Un débat s’engage. Chacun défend sa chapelle. Chacun campe sur sa position. Le seul point ou les deux « débateurs » semblent s’entendre, c’est sur les points de revendications syndicales. Les revendications sont : l'augmentation des salaires et pensions au taux de 25% pour compter de janvier 2001 ; la réduction significative et effective des prix et le contrôle des prix et de la qualité des produits de première nécessité : riz, mil, maïs, haricot, huile, sel, sucre, etc. ; la réduction des taxes sur les produits pétroliers, de l'IUTS, des taxes qui frappent les petits commerçants, les artisans, les prestataires de services et la suppression de la TVA sur les prêts bancaires ; le relèvement des premières tranches de l'ONEA et de la SONABEL respectivement à 10m3 et à 75 KWH ; l'application immédiate des points d'accord issus des négociations gouvernement/syndicats de novembre 2007 ; l'examen diligent de la plate-forme d'action de la Coalition nationale contre la vie chère. ). Après avoir examiné les propositions du gouvernement, jugées insatisfaisantes, les organisations syndicales ont décidé de maintenir le mot d'ordre de grève. Du coup, la rencontre entre l'équipe gouvernementale le lundi 7 avril 2008 avec les responsables syndicaux n'a pu avoir lieu. Hier matin dans la salle du «dialogue social» de l'immeuble Baonghin, les ministres Jérôme Bougouma du Travail, Jean-Baptiste Compaoré des Finances et Filippe Sawadogo de la Communication n'ont eu d'interlocuteurs que les hommes des médias. Le chef du département du Travail et de la Sécurité sociale leur a fait le point des réponses du gouvernement relatives à la plate-forme revendicative des syndicats. Lors des débats, la presse est revenue sur les raisons réelles qui empêchent une augmentation des salaires et  sur le train de vie, parfois frustrant, des dignitaires de l'Etat en cette période de vie chère ainsi que sur les raisons de l'avortement de la réunion d'hier matin avec les syndicats. Le ministre de l'Economie et des Finances a laissé entendre que la situation présente, marquée des chocs externes et des réalités internes, ne milite pas pour le moment pour une éventuelle augmentation, même s'il a tenu à préciser que toutes les fois que la santé économique et financière de l'Etat le permettrait, des augmentations de salaires ne pourrait pas aussi manquer. Mais, pour l'heure, le ministre Compaoré ignore le jour  où interviendra la prochaine augmentation de salaire. Et il a martelé : «Les salaires doivent être maniés avec beaucoup de prudence, car, de nos jours, la masse salariale totale couvre 47% des recettes de l'Etat, soit 190 milliards de F CFA». Pour lui, il faut tout faire pour éviter le blocage en ne proposant pas des salaires que l'Etat ne pourra jamais honorer. Sur le train de vie des autorités burkinabè, Jean-Baptiste Compaoré a rappelé les propos du Premier ministre, Tertius Zongo, lors de son dernier discours à la Nation en faisant savoir que l'Etat balaie devant sa propre devanture. Et il a cité la restriction des lignes téléphoniques ;  la suppression de près de 300 téléphones en juillet 2007; le contrôle de l'utilisation des véhicules étatiques ; la prise en compte de nouvelles mesures telles que la création d'une haute autorité de contrôle de l'Etat. Son collègue du Travail reviendra à la charge pour indiquer que la rencontre du lundi 7 avril 2008 ne s'est pas tenue parce que le président du mois, Laurent Ouédraogo, l'a joint hier matin aux environs de 8 heures pour lui signifier que les syndicats feraient parvenir leurs réponses aux propositions du gouvernement par voie écrite. Réagissant sur la grève, maintenue par les organisations syndicales, il s'est refusé à tout commentaire, estimant que ces dernières ont le droit de protester. Le ministre de la Communication notera que l'annulation de la réunion du lundi, au dernier moment ne signifie pas que le fil du dialogue a été rompu. Au contraire, dira-t-il, seules les négociations permettent d'avancer. «Le gouvernement maintient ses propositions et est toujours prêt pour le dialogue», a-t-il ajouté. Interrogé sur la date d'effet de ces propositions, notamment concernant le relèvement des premières tranches de l'ONEA et de la SONABEL respectivement à 8m3 et à 75 KWH, le gouvernement a estimé devoir donner la primeur de l'information aux représentants des organisations syndicales par souci de respect.

Frédéric Ilboudo



09/04/2008
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