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Un monument dans nos murs

Qui l'eut crû ? Carolyn CARLSON au Burkina ? Eh bien Salia et Seydou ont relevé le défi. Ils sont arrivés à faire venir ce monument de la danse contemporaine pour renforcer les compétences des danseurs. Pendant cinq jours, elle a partagé sa riche expérience avec les stagiaires venus d'une dizaine de pays d'Afrique et d'Europe du 14 au 19 décembre 2007.

Carolyn CARLSON en plein atelier avec les stagiaires

«Recevoir Carolyn CARLSON au CCF est un rêve qui est aujourd'hui une réalité», disait le directeur du Centre culturel français. Et il ne croyait pas si bien dire puisque c'est la première fois que l'atelier de Paris Carolyn CARLSON consacre un temps intense de formation dédié à la création chorégraphique contemporaine africaine. Cette dame qui a la danse dans le sang : «Je préfère plutôt danser que de parler», a-t-elle lancé quand on lui a tendu un micro, a été révélée au monde dans les pièces du chorégraphe Nikolaïs qu'elle rencontre en 1965. Depuis, la Diva de la danse, Carolyn CARLSON est devenue une figure emblématique. Elle parcourt le monde et ne fait qu'amasser les lauriers et la notoriété. En 1970 elle s'installe en France grâce à Rolf LIEBERMANN qui fonde pour elle le GRTOP à l'opéra de Paris. Carolyn développe alors une technique et une poétique du geste basées sur l'improvisation et la composition. Elle provoque dès lors une révolution chorégraphique en France au travers de pièces devenues mythiques. Attachée à transmettre un style, elle forme depuis lors, un grand nombre de danseurs et de chorégraphes. C'est donc cette perle rare que Salia et Seydou ont pu dénicher et convaincre pour qu'elle puisse venir partager sa riche et longue expérience (Plus de 40 ans passés dans la danse) avec les danseurs du continent et d'ailleurs. Un rendez-vous du donner et du recevoir.

Seydou BORO ici en première ligne et Salia SANOU ont assuré également des modules aux stagiaires

Puisqu'elle l'avoue elle-même : «Je ne connais pas beaucoup de la danse africaine, mais pour les quelques jours que j'ai passés avec ces stagiaires, j'ai senti que c'était des gens qui avaient envie d'apprendre, qui sont pleins d'énergie, de volonté. Et la terre africaine est naturellement pleine de rythmes de musique, les Africains ont le mouvement naturel, c'est inné chez eux et moi j'ai pris plaisir de danser et d'apprendre. Et je vous le dis on ne finit jamais d'apprendre et de rechercher toujours», nous a-t-elle confié avant la représentation du spectacle de fin de stage. Musique, poésie, peinture, espace, mouvement, émotion sont entre autres éléments que l'on retrouve dans le style de Carolyn Carlson. Un style qui ne laisse pas indifférent. Dans le rendu des stagiaires, la charge émotionnelle des mouvements de la musique vous transcendent et interpellent. Parlant d'ailleurs de ses stagiaires elle dira : «Ils sont venus avec leurs corps et leurs espoirs, leurs âmes, c'est leur premier contact avec le style de l'improvisation et je trouve qu'ils avaient tous envie d'apprendre». Pour Nadia BEUGRE artiste danseuse ivoirienne : «Le stage était la bienvenue parce que le style de Carolyn nous permet d'être plus proche du public et sentir l'émotion que nous leur transmettons. C'est un plus pour moi». «Nous avions des danseurs qui étaient dispersés, excités sur scène. Mais après les quelques jours passés avec Carolyn je peux dire que ce sont des danseurs qui sont assagis qui ont pris la mesure de l'occupation scénique, qui ont compris que sur scène on peut rester calme et rendre des choses au public et je crois que cela est une très bonne chose». A ajouté Salia Sanou quand il introduisait pour le spectacle de fin de stage. Cet échange d'expériences avec Carolyn a été rendu possible grâce à la collaboration entre le CDC la termitière et l'Atelier de Paris Carolyn CARLSON. Une coopération qui ne s'arrêtera pas en si bon chemin puisse que d'autres projets sont en cours d'élaboration et permettront un échange de compétence Nord-Sud..

Par Frédéric ILBOUDO