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« La natte » des autres

 

La place de l'Afrique dans la société des TIC est aujourd'hui indéniable.  

Le continent  assiste à ce grand boom en spectateur et pire en grand consommateur des produits des autres.  Aujourd'hui, malgré ses potentialités et ses capacités il ne dispose  d'aucun nom de domaine encore moins de serveurs racines propres. Pourtant, l'adage dit que : « celui qui dort sur la natte d'autrui dort à terre ». La question qu'on est en droit de se poser, c'est à quant  « l'internet »  africain?

 

 

Sophie a une adresse e-mail  yahoo, chaque jour que Dieu fait, elle écrit à son fiancé Malik qui est Sénégal pour des études. Mais ce que Sophie ne sais pas, c'est que son mail à chaque fois, doit transiter en occident avant d'atterrir dans la boite mail de son fiancé qui est lui sur Hotmail. Mais cela peut- il être autrement quant notre continent ne dispose d'aucunes infrastructures pour gérer au plan local les multiples services du net?  A l'image des mails de Sophie, c'est toutes les données (  militaires , bancaires, gouvernementales etc...) du continent qui sont gérées par l'occident avec toutes les conséquences que cela  contiennent. Aucun nom de domaine, aucun serveur, les opérateurs locaux préfèrent payer les droits d'utilisation plutôt  que d'investir dans la création d'un serveur pour le continent.

Le ministre Joachim Tankoano des PTIC et ses homologues

du continent ont du pain sur la planche

 

Nos pays ont été les premiers à payer le prix d'une politique orientée vers le marché. Souffrant déjà d'un retard technologique lié au coût d'acquisition et de mise en place des infrastructures de transport de l'information, notre continent a en plus été spolié des possibilités de l'exploitation durable de leur nom de domaine national.  Il n'a bénéficie d'aucun accompagnement, afin de mettre en place un modèle de développement économique durable lié à la gestion commerciale des  nom de domaine encore moins des serveurs. Ce sont les sociétés occidentales et notamment  américaines qui se sont emparées de ces noms de domaine et de ces serveurs. Les circuits Internet internationaux de l'Afrique sont pour la plupart raccordés aux Etats-Unis d'Amérique et, dans certains cas, au Royaume-Uni et à la France (deux circuits sont reliés à l'Italie). Les principaux fournisseurs internationaux de services Internet en Afrique sont AT&T, BT, Global One/Sprint, UUNET/AlterNet, MCI, NSN, BBN, Teleglobe, Verio et France Telecom/FCR. D'autres liaisons, dont le nombre ne cesse de croître, sont fournies directement par PanamSat et Intelsat à des stations au sol des Etats-Unis et du Royaume-Uni (entreprises privées et PTO), contournant ainsi l'infrastructure locale des PTO.
 

  

La théorie des jeux

 Annoncé comme un modèle décentralisé de distribution de l'information,

l'Internet souffre donc d'une centralisation inquiétante de son pouvoir. Les noms de domaine et les serveurs qui les gèrent sont les seules ressources qui soient entièrement centralisées. Sur les 14 serveurs racines répartis dans le monde, seuls 4 ne sont pas situés aux Etats-Unis, ils se trouvent au Japon, en Angleterre, en Espagne et en Suède. Les deux

tiers des ordinateurs connectés à Internet sont localisés aux Etats-Unis, et les principales liaisons à haut débit entre les Etats-Unis et l'Europe occidentale passent par Londres. Paradoxalement, ce sont nos pays qui paient un tribut élevé pour accéder au réseau  « gratuit ». Les échanges d'informations entre les serveurs-racines et les détenteurs de noms de domaine représentent un coût de l'ordre de plusieurs dizaines de millions d'euros par année. Selon un spécialiste,  80 à 90% de ces paquets d'informations qui transitent sur Internet passent par les Etats-Unis, et que presque 90% des ordinateurs utilisent Microsoft n'ait pas réfléchi à une protection contre ce genre d'agissements.

 

L'Afrique prisonnier du système

 Des  événements comme ceux  d'octobre 2002 ont démontré la nécessité d'une répartition stratégique des ressources nécessaires au fonctionnement de l'Internet. En effet,  entre le 21 et le 22 octobre 2002, les serveurs racines ont subi des attaques simultanées par le « deny of service », des  attaques par de multiples requêtes qui engorgent les serveurs.  Bien que le fonctionnement même de l'Internet n'ait pas été mis en danger, on a pu constater une diminution de la capacité à traiter le volume des échanges habituels, à commencer par les connexions les plus éloignées des autoroutes de l'information. Que peuvent nos opérateurs locaux face à des situations de ce genre. Les auteurs de ces attaques n'ont jusqu'ici pas été identifiés; cependant, de nombreux spécialis

A l'image de Sophie la mageur partie des internautes du continent ignore tout du circuit de leur mail

 

tes pensent que l'origine d'une telle action est liée à la forme actuelle de la politique étrangère américaine. A cet égard, on peut citer l'exemple du virus Slammer, diffusé sur le Net en janvier 2003: il s'attaquait uniquement à des machines hébergeant des produits (bases de données) de la société Microsoft

Il faut se rendre compte que le traitement des données personnelles, leur utilisation à des fins commerciales, gouvernementales ou militaires, ne font à l'heure actuelle l'objet d'aucune protection efficace sur le continent. Le Burkina Faso a plusieurs fois été menacé de sanction par la société de l'internet  par ce qu'il n'a aucun système de protection contre les attaques pirates et autres cybercriminels.  Cette centralisation de l'Internet a permis aux Etats-Unis de s'approprier le traitement des informations qui transitent à travers le monde. Sous le couvert d'une lutte contre le terrorisme, de plus en plus de données sont collectées sans que leurs titulaires en soient vraiment conscients ou même informés. DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), le centre de recherche de l'armée américaine, illustre bien cette tendance par la création de l'IAO (Information Awareness Office), dont le but est de gérer et d'interpréter les informations collectées.

Manque de volonté politique ou société civile faible?

Les deux à la fois. Le manque de volonté politique au niveau des leaders politiques africains est patent. Nombres d'entre eux préfèrent protéger leur fauteuils que de prendre des décisions qui pourrons réveiller le courroux des multinationales du net occidentales. Quant  aux groupes de pressions africains qui ne sont pas souvent sensibilisés sur le sujet sont inactifs ou,préfèrent s'attaquer à d'autres questions.  

 Tant que nous laisserons le pouvoir politique agir à sa guise  paradoxalement contre l'intérêt de nous électeurs, aucune solution ne sera envisageable. Seule une réelle prise de conscience par des citoyens des impacts réels de la société de l'information dans leur vie de tous les jours pourra créer le ciment nécessaire pour construire les bases solides d'une société numérique dont nous ne serons pas de simples utilisateurs, mais les compos antes de ce dévelopement

                                                              Frédéric ILBOUDO                                    



27/10/2006
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