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Le temps de la nouvelle graine ?

Le temps de la nouvelle graine ?

8 jours et 8 nuits. C’est le temps qu’ont duré les 7es rencontres chorégraphiques «Danse l’Afrique danse». A Tunis où a eu lieu l’évènement, danseurs et chorégraphes ont fait parler leurs talents. En huit jours et huit nuits les quatre théâtres qui accueillaient les prestations ont vibré de performances hors du commun, faisant ainsi découvrir au public tunisien et aux festivaliers, la puissance de la relève de la génération montante. Ces graines en germination montrent que la danse, art complet, a de beaux jours devant elle.

Sur les plateaux, la jeune génération, en compagnie…
...Come en solo ont assuré le spectacle.

Le temps des Salia nï Seydou du Burkina Faso, de Kettly Noël du Mali, de Syhem BELKHODJA de la Tunisie, Germaine ACOGNI du Sénégal, ou encore Nelisiwe XABA d’Afrique du Sud est-il en train de passer ? Non. Et il faut le dire tout de suite. Ces gens-là sont des monuments de la danse contemporaine en Afrique. A la biennale de Tunis, leurs sorties étaient attendues. Chacune de leurs apparitions sur scène, devient une école pour la jeune génération. Une école où des jeunes comme Auguste et Bienvenu du Burkina Faso, James MWEU du Kenya, Thabiso PULE et Thami MANEKEHLA de l’Afrique du Sud (lauréat du prix Culture France catégorie compagnie), Pape Ibrahima NDIAYE dit Kaolack du Sénégal, Lebeau BOUMPOUTOU du Burkina Faso tirent la substantielle moelle pour leurs premiers pas. A Tunis, cette jeune génération à travers les spectacles livrés a démontré que les devanciers ont semé de bonnes graines. Ils ont exprimé avec leurs corps, la vie, les joies et les peines du continent. Ils ont dénoncé, avec leurs corps, et à leur manière, la corruption, les guerres, les viols, les souffrances, les violences de ces hommes et femmes laissés pour compte. A Tunis, ils ont parlé d’amour, ils ont donné l’amour.

Thabiso PULE et Thami MANEKEHLA de l’Afrique du Sud (lauréat du prix Culture France catégorie compagnie) lors de leur représentation.
La musique et le mouvement du corps ne font qu’un dans “un pas de côté”
Auguste et Bienvenu le Duo Burkinabè a eu une grande ovation du public, malgré les difficultés techniques.

Leur amour pour la danse, leur amour pour le continent africain à travers les spectacles. Certes le niveau et les émotions suscitées n’ont pas encore atteint ce que les aînés encore moins les précédentes rencontres ont produit mais n’empêche que la volonté et l’ardeur des jeunes présagent des lendemains prodigieux. «Une nouvelle fois on peut constater que la danse en Afrique est bien vivante et surtout, non seulement elle est vivante, mais, il y a de plus en plus de la relève, de plus en plus de jeunes chorégraphes et de jeunes danseurs qui s’attaquent à la chorégraphie et qui ont des propositions qui, même si elles ne sont pas toujours abouties, font preuve de pas mal d’idées et de maîtrise, de pas mal d’éléments. On peut se dire que sur le plan artistique global, il y a eu des choses moins fortes que ce qu’on a pu voir certaines années. Je crois que cela est dû au fait qu’on a à faire à une génération intermédiaire, des graines qui poussent…». Ces propos optimistes sont de Sophie RENAUD Directrice du département Afrique et Caraïbes en créations de Culture France. L’avenir de la danse est donc dans les corps de ces jeunes. Ce sont eux qui danseront pour dire l’Afrique. Une génération est en train de monter. Mais s’auront-ils tempérer leur fougue et se consacrer véritablement au travail ? Si à Tunis la génération montante a produit dans la grande majorité des spectacles de belles factures, il faut reconnaître que dans certaines pièces, le dialogue du verbe a remplacé sur les planches, celui du corps. C’est le cas de Pape Ibrahima NDIAYE dit Kaolack (lauréat du prix Culture France catégorie solo) qui a plus séduit par la puissance de son verbe que celui de son corps. Dans l’ensemble, les 7es rencontres ont tenu leurs promesses. L’Afrique s’est exprimée librement dans le pays de Zine Abidine BEN ALI. Une expression des corps qui n’a pas connu de censure comme c’est le cas des autres moyens d’expression. Rendez-vous est pris pour Bamako 2010, pour voir si entre temps les nouvelles graines qui poussent ont pris racines.

Par Frédéric ILBOUDO



23/05/2008
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