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Un pan de l’histoire sahélienne

Un pan de l’histoire sahélienne

Odyssée musicale et chorégraphie équestre, la pièce d’ouverture de la neuvième édition du festival “Théâtre des Réalités” restitue une légende : l’origine des peuples du Sahel…

Par Fatou Kiné Sene

Dans La Geste des Étalons, le metteur en scène Luis Marquès montre de fort belle manière un pan mythique de l’histoire d’une partie de l’Afrique. Le spectacle raconte ainsi la rencontre entre deux peuples: celui du Sud, sédentaire, établi sur les terres rouges et fertile convoitées par ses voisins du Nord. Le premier est gouverné par l’empereur mossi. Le second, par un roi nomade. Sur la berge du fleuve Niger - le “Djoliba” -, treize chevaux, une ânesse et autant de cavaliers content l’histoire.

Le récit plonge le public dans le passé des contrées du Sahel. En quête d’un territoire prospère, loin de la famine et des tempêtes de sable, le roi nomade pénètre un jour sur les terres de l’empereur mossi. S’ensuit un rude combat entre nomades et guerriers mossi. Le champ de bataille est un décor simple: un pré clôturé par une corde. Au bord du fleuve, la scène devient hippodrome, incitant le spectateur à voyager dans l’imaginaire.

Comédie dramatique, La Geste des Étalons repose sur le cheval. Le spectacle dresse la saga de treize jeunes cavaliers, dont une fille, initiés au langage des équidés. Le combat impitoyable livré par les deux armées est une démonstration équestre. Sur leurs montures, les guerriers mossi font admirer leur virtuosité. Leur travail est facilité par des animaux parfaitement dressés, dont les déplacements ne sont pas sans évoquer une véritable chorégraphie. La force de la pièce, présentée pour la première fois au Mali, est par ailleurs renforcée par un travail de bruitages bien agencé qui fait ressortir la cavalcade des chevaux. Venus du Burkina Faso, les cavaliers de l’Écurie mandingue exhibent ainsi un héritage équestre multiséculaire. Le peuple mossi est en effet lié au cheval depuis l’Antiquité. C’est aussi le cas au Mali, “grand pays de cheval”, comme le remarque Luis Marquès. Pour le mettre en scène, aidé par le concepteur équestre Thierry Perrichet, la pièce vise à faire connaître ce pan de l’histoire des peuples sahéliens. C’est une tradition qui mérite d’être transmise.

Perchés sur des échasses, deux comédiens se transforment en gigantesques oiseaux blancs dont les apparitions fantastiques viennent ponctuer ce conte historique: ce sont les “hommes-esprits”, des êtres sorciers qui hantaient alors la région du Sahel, exécutant des sacrifices rituels. Pour protéger le peuple mossi des malheurs, le sang de la fille unique du roi devra être versé.

Au-delà de cette saga équestre, la pièce coproduite par la compagnie l’Œil du Cyclone et par l’Écurie du Cheval mandingue (Burkina Faso) peint également un tableau de paix. Le combat entre les deux peuples rivaux trouvera son issue du fait de l’amour né entre Sylla, la fille de l’empereur, et Dima, le fils du roi nomade. Leur union scellera pour toujours celle des habitants du Sahel. Une belle leçon pour l’humanité.



04/12/2008
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