Ce vide en elle/Plus qu’une transgression, une belle violation
Ce vide en elle
Plus qu’une transgression, une belle violation
La plate forme festival des Récréâtrales a débuté le lundi 6 octobre 2008. Un programme riche et alléchant permet aux amoureux des planches à déguster les créations. Au CITO en ce soir du 7 octobre était à l’affiche, la pièce intitulée, « Ce vide en elle ». Une œuvre qui renverse sens dessus dessous, les concepts de base de l’art théâtral. La mise en scène de cette pièce est, plus qu’une transgression, une belle violation des règles préétablies.
Il n’y a pas de lever de rideaux. La pièce commence dès que spectateur franchi la salle de spectacle. Mieux, ce sont les comédiens qui se chargent d’installer chaque spectateur. La scène, c’est tout le théâtre. Mais tout au fond, de grandes voiles blanches sont dressées. Le public et les comédiens se confondent. Le décor quant à lui est renversé et renversant. Des spectateurs se retrouvaient, non pas dans un théâtre, mais dans un maquis, dans un bar. Une partie de l’équipe technique est elle noyée dans le public. Le spectacle tout au long de son déroulement est une intrigue. Une intrique qui embarque le spectateur dans une histoire. Une histoire qui, elle, raconte une femme. La femme c’est Clara. Et l’histoire est contée par trois de ses amants avec lesquels elle a désiré faire un enfant. Clara la femme stérile est riche de ses attributs féminins et faits même des jalouses. Chacun des amants raconte au public les passions, les rêves, les joies et les peines qu’il a vécu avec Clara. Mamadou Tindano, le cabossé (l’ivrogne) Mahamadou Nana le « Taiseux » et Rémi Yaméogo « l’affamé » chacun à son tour revit et vous fait revivre en une heure dix mns, son idylle avec Clara au bar le fugitif. Ils revivent, le souvenir par ce que la belle Clara n’est plus de ce monde. Dans le désespoir de ne pouvoir enfanter, elle s’est donnée la mort la mort par noyade. « Je suis cette femme mille fois souillée, cette femme au corps vide, jamais fécondé. Je n’espère plus rien d’autre. J’ai emprunté tous les chemins possibles pour faire le faire venir en moi. Mon ventre est désert. Je suis la femme de tous et de personne et je n’ai rien d’autres à vous offrir que mon corps ». A dit Clara. Dans sa lettre d’adieu, les trois amants se souviennent encore comme si c’était hier : « Merci pour tout, je pars, prenez soins de vous », avait elle écrit. Avec leur langage souvent vicieux et cru, parfois blessant, mais toujours teinté d’humour, les trois comédiens ont su captiver le public. Derrière Clara, celle que les autres femmes appellent la traînée, la souillée, la vide, la sorcière, la puante, l’envoûteuse d’hommes, la débauchée derrière cette femme là se cache en réalité notre chère Afrique. Une Afrique qui vie en effet les même réalité que Clara. Elle a tout pour se développer, mais se noie dans sa propre richesse. La mise en scène de cette pièce est originale. Autant elle permet au comédien de distiller son message, autant elle met le spectateur dans le difficile rôle de comédien, puisqu’il se sent lui-même pris dans les méandres de la mise en scène. Visiblement, certains dans le public ne s’y retrouvaient pas dans cette transgression. Cette violation de la scène aussi belle qu’originale, plait elle au public ? Rien n’est moins sûr. Pour Elodie « cette façon présentée la scène, fait qu’il est difficile pour un spectateur ordinaire comme moi de décoder la pièce. J’avoue que je n’ai compris que des bouts. » Nous a-t-elle confié à la fin du spectacle. L’originalité également, c’est l’introduction des TIC sur la scène avec cette projection d’images qui conte en parti l’histoire de Clara. « Le vide en elle » n’est pas une pièce facile d’accès. Son public doit être d’un certain niveau à cause de son langage très soutenu et plein de métaphores. C’est une pièce où modernité et tradition se côtoient. « Ce vide en elle » est une pièce écrite par Laetitia Ajanohon, mise en scène par Kombert Coffi Quenum. La scénographie a été assurée par Abdoulaye Farouk. Le rôle de Clara a été incarné par Geneviève Bosso.
Frédéric ILBOUDO
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