Combien nous coûtent nos dirigeants
La presse internationale a souvent fait cas des investissements immobiliers et autres richesses que possèdent les chefs d’Etat africains dans les cités européennes. Entre villa sur la côte d’azur, voitures de luxes, et virées de nababs dans les palaces, certains de nos dirigeants ont un train de vie de pachas.
Famaghan Traoré (Journal Bendé)
Une fois les institutions installées, il faut les entretenir et les faire fonctionner. Comme le slogan de la nationale des jeux le dit « grattez, il y a l’argent dedans !!! ». Combien gagne (ou coûte ?) un président de la République, un Premier ministre, un président d’Assemblée en Afrique ? Mystère sur toute la ligne ! Les chiffres, s’ils ne font sursauter comme au Gabon où un ministre gabonais gagne de 5 à 8 millions de francs/mois, n’ont rien à avoir avec le train de vie affiché. Ainsi sous Alpha KONARE, un ministre malien gagnait officiellement 300.000 francs CFA. Le président KONARE affirmait dans un entretien à Jeune Afrique gagner 800.000 Francs CFA plus les avantages de la fonction.
Qui se souvient encore de la mésaventure du nouveau patron de l’Union Africaine Jean PING, qui s’est fait soulager de près de 200 millions de CFA dans un palace parisien ?
Que gagnent-ils pour entretenir ce train de vie des milles et une nuits ?
En Occident et dans les démocraties qui se respectent, le chef de l’Etat a une rémunération et une liste civile.
Lors de son investiture, le chef de l’Etat du Burkina remet l’état de ses biens.
Malheureusement cet état n’est pas rendu publique. Comment donc peut on juger si notre chef d’Etat à utiliser sa fonction pour s’enrichir ? Aujourd’hui qui peut nous dire si le palais de Ziniaré appartient au Président Compaoré ou à l’Etat burkinabé ?
Question d’autant plus importante que dans cette volonté affichée de bonne gouvernance, certains animaux du parc animalier de Ziniaré ont moins de soucis à se faire que les habitants d’un village perdu dans la Gnagna profonde. Que payons nous pour entretenir notre président ? Que gagne le chef de l’Etat et à quoi a-t-il droit ?
L’article de la Constitution du Burkina Faso dit que la loi fixe la liste civile servie au Président du Faso. Elle organise le service d’une pension en faveur des anciens Présidents.
Les avantages dévolus au chef de l’Etat sont appelés la liste civile.
La liste civile est apparue en France sous le règne de Louis XVI, en 1790, suivant le modèle anglais. Il s’agissait d’une somme attribuée au souverain pour les dépenses de sa maison. Elle devait permettre avant tout que les dépenses publiques fussent distinctes de celles du roi. Elle était complétée par des biens mobiliers et immobiliers constituant sa dotation, qui était une partie du domaine de l’Etat.
Aujourd’hui cette notion reprend l’entièreté des moyens que la Nation met à la disposition du Chef de l’Etat pour lui permettre d’exercer la fonction de chef d’Etat en toute indépendance morale et matérielle.
Les articles 72 à 76 de la Constitution définissent d’autres règles comme l’article 74 qui précise qu’aucun membre du Gouvernement ne peut tirer parti de sa position, ni faire usage directement ou indirectement à des fins personnelles des informations qui lui sont communiquées.
Que deviennent alors les nombreux cadeaux faits aux chefs de l’Etat ? Lui appartiennent- ils ou appartiennent-ils à l’institution « présidence du Faso » ?
Exemple venu d’ailleurs, les cadeaux reçus par le président Chirac sont remis au musée du Président de Sarran en Corrèze.
Prenons d’autres exemples venus d’ailleurs : le chef d’Etat le plus payé est G. W. Bush, avec exactement 24 167 euros par mois. L’Anglais Gordon Brown le suit de près avec 23 334 euros par mois. Il faut dire que Londres est la ville où se loger est le plus difficile. Shinzo Abe, président du Japon caracole avec 21 910 euros. Peu après sur la liste des gros salaires, arrive la chancelière allemande Angela Merkel, 20 427 euro, trois fois et demi plus que Sarkozy qui gagne 18.690 euros bruts mensuels (environ 15.000 euros net) mais c’est sans compter tous les avantages dont bénéficie le chef de l’Etat français : voitures de fonction, un millier d’employés à l’Élysée - dont 77 cuisiniers et serveurs, une flotte d’avions d’une valeur de 215 millions d’euros composée de 2 Airbus 319 et 6 Falcon (accessibles également aux ministres). À quoi s’ajoutent des résidences secondaires (Marigny, Rambouillet, Souzy-la-Briche, fort de Brégançon..).
Que met l’Etat burkinabé à la disposition du chef de l’Etat comme résidences, moyens de transports, personnels à son service ? Mystère et boule de gomme !! Et pourtant, l’éthique la plus élémentaire voudrait que le premier des Burkinabé mette à nu ce que la sueur des paysans du Burkina, lui permet d’avoir comme condition de travail afin de mener le Burkina vers un développement et « un progrès continu ».
Si l’on continue ce raisonnement, on peut se demander ce que notre Etat dépense à entretenir nos ministres , présidents d’institution, secrétaires généraux, chefs d’état major et autres hauts serviteurs de l’Etat.
Si l’on peut parler aussi aisément de ce qui se passe ailleurs c’est que chez nous c’est le flou total. Comment un ministre qui gagne moins qu’un directeur général (entre 600.000 et 800.000 francs CFA sans les avantages) peut-il devenir en moins de cinq ans, propriétaires de deux ou trois villas qui coûtent chacune au bas mot 60 millions de francs ? Comment peut il avoir un fils en études au Canada, un autre en France et la petite dernière à l’école française à Ouagadougou ?
Quels avantages lui sont servis pour lui permettre de tels investissements ? Une enquête sur les placements de chefs d’Etat africains en Europe, blanchit le Président Compaoré mais attribue à son épouse deux résidences en France. Comment cela est il possible ? Est-elle femme d’affaires ? Si oui, son statut de première Dame n’est pas en contradiction avec ses activités ?
Ce questionnement peut s’appliquer à bien de responsables de notre pays, où cousins, tantes et petits fils sont devenus avec l’arrivée de papy, tonton ou tata à un poste de responsabilité, des « opérateurs économiques » de renom.
La bonne gouvernance voudrait que l’on sache aujourd’hui ce que nous coûte d’entretenir nos institutions, et de redéfinir nos priorités. Les vacances de nos hauts responsables, leurs évacuations sanitaires, les shopping de leurs épouses, sont ils inscrits dans la liste civile et autres avantages servis où sommes nous dans une situation d’abus ? Le premier ministre a lancé le recensement des véhicules 4, 3 et 2 roues de l’Etat. Le contrôle serait également de voir maintenant que l’on n’a pas suffisamment de doses pour lutter contre la méningite, que les prix des produits sont tous devenus fous, ou se trouvent ces coûts inutiles dans l’entretien de notre administration et le fonctionnement de notre démocratie.
L’Assemblée nationale a adopté le 6 décembre 2007 le budget de l’Etat pour l’exercice 2008. Un budget qui s’établit, 869,702 milliards de francs CFA soit une croissance de 6,27%. Les principaux postes budgétaires sont en nette augmentation : le personnel, +16,19%, le fonctionnement, +14,44%. Espérons que ce personnel et ce fonctionnement toucheront réellement tous les Burkinabé.
Il n’y a que le manque d’information qui crée la rumeur et la suspicion. Combien nous coûtent nos dirigeants ? Méritent- ils que nous leurs consacrons autant de nos sueurs, de nos privation, de notre argents ?
Encadré 1
L’éthique la plus élémentaire voudrait que le premier des Burkinabé mette à nu ce que la sueur des paysans du Burkina, lui permet d’avoir comme condition de travail afin de mener le Burkina vers un développement et « un progrès continu ».
Encadré 2
Extrait du décret n° 2007-328/ PRES/PM/MFB/MFPRE portant rémunération du Premier ministre, des Présidents d’institution et des Membres du Gouvernement
Article 1 : Pour compter du 1er avril 2007, la rémunération du Premier Ministre, des Présidents d’Institution et des Membres du Gouvernement est fixée ainsi qu’il suit :
A- Premier Ministre :
Rémunération attachée à l’indice le plus élevé des barèmes spécifiques de la Fonction Publique (2 415)
*Indemnité de représentation : 300 000
*Indemnité de fonction : 175 000
B- Présidents d’Institution :
Rémunération attachée à l’indice le plus élevé du barème ordinaire de la Fonction Publique (Catégorie A échelle 1, soit 1 890).
*Indemnité de représentation : 250 000
*Indemnité de fonction : 135 000
*Indemnité de logement : 80 000
*Indemnité compensatrice (eau, électricité, téléphone) : 100 000
C- Membres du Gouvernement :
Rémunération attachée à l’indice le plus élevé du barème ordinaire de la Fonction Publique (Catégorie A échelle 1, soit 1 890).
Indemnité de représentation :
*Ministre d’Etat : 250 000
*Autres Membres : 200 000
*Indemnité de fonction : 125 000
*Indemnité de logement : 80 000
*Indemnité compensatrice (eau, électricité, téléphone) : 100 000.
Article 2 : Eu égard à leurs fonctions particulières, seules ont droit à la gratuité des fournitures d’eau, d’électricité et de téléphone, les personnalités ci-après :
*le Président du Faso ;
*le Premier Ministre ;
*le Président de l’Assemblée Nationale ;
*le Président du Conseil Constitutionnel ;
*Le Médiateur du Faso ;
*le Président du Conseil Economique et Social ;
*le Grand Chancelier des Ordres burkinabé ;
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