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El magnétro Boncana Maïga

BOCANA MAIGA  

La discothèque du Maestro

Musicien, arrangeur connu et reconnu, Boncana Maïga ne parle pas souvent de ses propres goûts musicaux. Récemment à Ouaga, nous lui avons tiré les vers du nez. Et tenez-vous bien, il y a des surprises dans la discothèque personnelle du maestro.

29/05/2007 Le zouglou
Ah oui ! Cette musique qui a commencé dans les années 90. Je connais Didier Bilé, je connais également Magic System et Les Garagistes. Je n'ai pas encore arrangé de zouglouman. Et il n'y a pas de disque zouglou dans ma discothèque parce qu'en tant que musicien, quand j'écoute un ou deux artistes zouglou, ça me va. Ça me suffit pour me faire une idée de l'orchestration, de la base structurelle de cette musique.

Le coupé-décalé
- Je les vois tous, les artistes du coupé-décalé. Malheureusement, je ne sais pas le danser (il rit). Je connais DJ Lewis, DJ Bonano, Mareshal DJ. Je ne peux pas énumérer tous ceux que je connais. Mais j'ai fait une émission avec Isabelle Anoh sur tout ce qui est coupé-décalé. En général, les artistes de ce genre musical me donnent leurs CD. Mais je n'écoute pas cette musique. Je regarde quelquefois les clips.

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- Mais je dois dire que le coupé- décalé et les autres musiques de ce genre sont nées pour un temps. Ça disparaîtra certainement avec le temps et autre chose arrivera. Personne n'aurait pensé que le makossa allait disparaître. Que le soukouss allait prendre moins d'espace dans la musique africaine. Alors il faut que les jeunes qui font le coupé-décalé comprennent que c'est bien d'avoir 22, 25 ans et d'avoir du succès. Je ne sais pas s'ils ont plus de succès que nous au temps où nous étions à l'Orchestre de la RTI. Mais la force de ceux qui sont passés par cet orchestre, c'est qu'ils ont appris à chanter et ils pourront chanter jusqu'à la fin de leur vie. Le succès des jeunes du coupé-décalé, c'est très bien. Mais je considère que c'est un succès éphémère tant qu'ils n'apprendront pas à chanter normalement. Pour pouvoir vivre de leur art, de leur coupé-décalé. Chaque fois que je rencontre ces jeunes-là, je leur donne des conseils. Que ce soit Manu Dibango ou moi-même, nous vivons de notre art parce que dans le temps, nous avons accordé plus d'importance à la musique plutôt qu'au succès éphémère qui était le nôtre. Dans le temps, il y avait beaucoup de chanteurs qui avaient autant de succès, sinon plus que les coupeurs-décaleurs d'aujourd'hui. Mais ces chanteurs-là, on n'en parle plus parce que c'était un succès passager. Et eux, ils se sont laissé avoir. La musique, c'est un métier comme être agronome, médecin. Il faut l'apprendre pour pouvoir en vivre.

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- Moi je vis de la musique. Je ne suis pas riche, mais je ne suis pas malheureux. C'est grâce à la musique que j'ai élevé mes quatre enfants. Ils sont tous dans des universités en Europe. Mes enfants ne font pas de la musique. C'est leur choix. Ils ont tous choisi la gestion économique. Toute ma vie, j'ai fait de la musique pour donner la possibilité à mes enfants de pouvoir vivre décemment.

Le reggae
- Si tu me parles de reggae, je te dis Bob Marley. C'est vrai qu'Alpha Blondy m'a dit un jour que ce n'est pas Bob Marley qui a créé le reggae, mais c'était le reggaeman le plus connu de la planète. Et quand on parle de reggae, la référence, c'est Bob Marley. Mais le seul artiste reggae que j'ai arrangé, c'est Alpha Blondy. Dans ma discothèque personnelle, j'ai des disques de Jimmy Clif et Bob Marley.

La musique mandingue
J'ai commencé avec la musique mandingue à Abidjan. Avec les Amy Kéita, Adja Soumano, Kandia Kouyaté. Mais je connais tous les artistes mandingues, Oumou Sangaré, Nahawa Doumbia. même si elles ne font pas toutes de la musique mandingue. J'ai arrangé les premiers disques de la plupart des artistes mandingues. Mais je ne les ai pas dans ma discothèque personnelle. Moi, je prends une ou deux références et ça me suffit. Je me contente de regarder les clips.

La musique congolaise
Je ne te parle pas de Pierrette Adam's, parce que c'est moi qui l'ai façonnée. Mais je peux te parler de JB Mpiana, Koffi Olomidé. J'ai arrangé des artistes congolais. J'ai beaucoup travaillé avec Lokassa Ya Mbongo, Soukouss Star. J'ai fait des arrangements pour Pépé Kallé de son vivant. Je les écoute de temps en temps. Mais seulement de temps en temps parce que je ne veux pas me laisser influencer par les arrangements des autres. Il faut que mes arrangements viennent de moi. Il y a des Congolais dans ma discothèque personnelle. Koffi Olomidé m'a donné son disque, je ne l'ai pas rejeté. Werrasson, JB Mpiana, Mbilia Bell. m'en ont donné également.


L'afro-cubain
- (Son visage s'illumine) J'ai tous les artistes afro-cubains dans ma discothèque personnelle, tous. En fait, c'est une musique que j'aime depuis que j'étais étudiant à Cuba. Et je suis un «cuisinier» de l'afro-cubain, avec Africando et tout. C'est une musique que j'adore. C'est une musique qui ne meurt pas. Il y a eu le swing, le soukouss, le kwassa kwassa. Mais la musique cubaine est toujours là. J'ai arrangé beaucoup d'artistes d'afro-cubain. Je veux profiter pour dire que afro-cubain, c'est un nom générique pour les musiques venues de Cuba. Sinon, il y a plusieurs genres : la charanga, la sals, etc. J'écoute tous les styles et pour moi, c'est une bonne musique.


Le jazz
- J'écoute beaucoup de jazz. Pendant mes séances d'écoute, je me rends compte que certaines musiques américaines ont leur base en Afrique. Ce que Ali Farka Touré faisait, c'est un peu ce que les Américains font. A la seule différence que nous autres Africains avons beaucoup d'ouver-tures. Un Américain qui fait du jazz, c'est du jazz, point. Nous les Africains, nous avons beaucoup d'ouvertures sur d'autres musiques, la musique mandingue etc. C'est notre avantage.

La musique classique
- Pour moi, la musique classique, c'est la base de la formation de tout musicien. J'ai étudié la musique classique pendant dix ans au conservatoire. C'est après ces études que je me suis orienté vers la diversité musicale. Sinon ma base, c'est la musique classique. Dans ma discothèque, il y a Mozart, Chopin, Bach, Beethoven. Je les écoute très souvent.

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- J'écoute beaucoup de musiques classiques, de jazz et d'afro-cubain. Les autres musiques je les écoute quelquefois, mais je ne peux pas m'en inspirer parce qu'on n'y trouve pas de grands développements musicaux. Tu prends la 5ème symphonie de Beethoven, quand tu l'écoutes de A à Z, il y a de l'orchestration, il y a de la musique, il y a du travail. Dans toutes les autres musiques, il y a du travail, mais c'est généralement un truc de 5 minutes. Dans un ouvre de musique classique, c'est au moins 30 minutes de développement musical, de polyphonie musicale. Or la polyphonie musicale, c'est fondamental. C'est le développement des notes, plusieurs notes superposées. Le musicien qui ne sait pas faire de la polyphonie musicale se répète.

Top visage




04/02/2008
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