En effet, les mariages et les baptêmes donnent lieu à des grandes fêtes et à des réjouissances démesurées. Les boîtes de nuit, les restaurants et autres lieux ne désemplissent pas les jours de mariage. Les familles des mariés ne lésinent pas sur les moyens pour marquer ce jour inoubliable de la vie de leurs enfants. Des caméras et des appareils photos sont sollicités pour fixer ces images de bonheur pour la postérité. Aussi les griots et autres maîtres de la parole tirent un substantiel profit de ce dédale festif. Ils se répandent en éloges dithyrambiques sur le nouveau couple et les membres de leurs familles respectives.
Les femmes balancent des billets de banque, les bijoux et autres objets de valeurs sont distribués comme du petit pain aux flatteurs. Le nec plus ultra réside dans la parade des belles voitures. Le nombre de berlines grosses cylindrées déterminent le niveau social des nouveaux mariés et le bonheur infini auquel ils viennent d'accéder. Hélas! Une minorité de couples entreront au pays des merveilles durant leur vie conjugale.
LES REINES DE LA CEREMONIE. Les femmes, soutiennent certains hommes, sont à la base de l’instauration de cette situation de gabegie où les illusions du bonheur coûtent de l'or. Nous ne nieront pas totalement cette accusation, vu l’ampleur du phénomène dans la ville de Bamako. Même la difficile conjoncture économique du pays ne décourage pas ces rêveuses. Chaque jour apporte sa dose de nouveautés dans la gamme des excentricités.
Aujourd’hui, les élégantes s’endettent pour paraître "unique" le jour du mariage d’un parent. Elles sont nombreuses, nos mamans, sœurs, qui à l’approche du mariage ou du baptême empruntent les habits de fête et les bijoux. À Bamako, aujourd'hui tout se loue à l'heure. Les costumes, les robes, les grands boubous brodés, les chaussures, toutes sortes de parures, les sacs à main sont proposés par des officines spécialisées. Même les lingeries fines ne sont pas épargnées. Les bonnes adresses sont communiquées de bouche à l'oreille
La jeune étudiante Fatim en sait long sur les pratiques des abonnées au bonheur fugace. Dimanche passé raconte t-elle, “ ma meilleure amie se mariait. J’étais son témoin de mariage, donc je me devrais d’être "céleste". Comme je n’avais pas la tenue convenable dans ma garde-robe, je suis allée emprunté un "tissu royal" d’une valeur de plus 300.000 Fcfa chez une tante commerçante”, explique la jeune fille. Ce acte n'a rien de repoussant dans son esprit. La prétentieuse estime que "nul ne peut tout avoir. "Je prends sans état d'âme des habits et des bijoux" ajoute Fatim.
Actuellement, un autre phénomène émerge. Les belles d'un jour louent des habits, des chaussures et des sacs à main chez les couturiers pour le temps que durent les cérémonies. Le marché des prêts, selon le maître tailleur Oumar N'Dieng, existe depuis plus de cinq ans. " Les frais de location d'un complet de bazin super riche brodé, d'un sac et des chaussures assorties se situent entre 25.000 et 50.000Fcfa. Mais la cliente doit déposer en plus sa carte d'identité pour garantir le retour des bijoux de valeur, ou des papiers de la voiture” témoigne le tailleur. Cependant, en cas de dommage causé sur l'habit ou la chaussure, la cliente supporte les frais de réparation. "Seuls les vraies puissances financières, les "Gros bonnets" viennent nous voir", insiste le professionnel.
Les bijoux en or ou en argent sont loués en fonction de la valeur du bijou. Mais tous les bijoutiers n'acceptent pas de donner leurs bijoux en emprunt. Quelque uns jouent le jeu. Ils prêtent leurs bijoux à leurs fidèles clientes. Selon un bijoutier qui a préféré garder l'anonymat le marché des prêts d'accessoires cérémoniaux clinquants est en plein épanouissement. "Parfois certaines femmes apportent des titres fonciers pour être couvertes d'or pendant quelques heures" ajoute le bijoutier.
LE MARCHE FLORISSANT DES VOITURES DE LOCATION. “ Les belles voitures riment avec les belles femmes ”, cet adage semble bien adapté à la société bamakoise. Aujourd’hui, il est difficile de voir une belle voiture sans découvrir une femme à l'intérieur. Les dimanches (jours de Mariage), les alentours des mairies sont débordés de carrosses conduites par des jolies nanas. Pourtant, la plupart de ces voitures de luxes sont louées par les agences de location de voitures. « Les femmes constituent notre clientèle principale. Elles préfèrent les voitures de luxes comme les RV4, les Mercedès derniers cris, les BMW et autres voitures de classe." confirme le propriétaire d'une agence.
A l'occasion des mariages, les voitures les plus sollicitées sont les Bentley GT, BMW 750, FERRARI Modena, Land-Rover, Touareg et la demande est grandissante pour le HUMMER H2 », explique le chef d’agence. Les frais de location varient selon les marques. Pour se payer du bon temps pendant la seule journée de Dimanche, certaines femmes versent entre 75.000, 100.000 jusqu’à 300.000 Fcfa. « Parfois, des jeunes filles cotisent pour se payer une journée de rêve dans ces voitures. Elles prennent des photos auprès de "leur voiture" pour immortaliser les quelques instants de bonheur fictif» conclu le chef d’agence.
La rieuse Astou Touré témoigne avoir loué une voiture en compagnie d’autres copines pour rehausser le mariage de son frère. « Nous avons cotisé 150.000 Fcfa chacune pour disposer d'une « Touareg ». J’ai pris beaucoup de photos. Tout le monde me regardait et les autres filles nous enviaient. J'étais aux anges. Un jour inoubliable! », assure la jeune dame.
Face à cette situation, les anciens reste perplexe. Le vieux Ousmane Diallo ne comprend rien à ces extravagances. Autrefois, les cérémonies sociales réunissaient un cercle relativement restreint de parents, de voisins et d'amis pour honorer les mariés (ou le nouveau-né). Le but était de resserrer les liens affectifs noués de longue date avec les organisateurs de l'événement. Aujourd’hui dès l’annonce d’une cérémonie ou même d’un décès, des personnes inconnues envahissent les lieux. Elles sont attirées par la notoriété ou la richesse de la famille en cause.
Il existe dans notre capitale un véritable univers de toutes les démesures. L'incendie de la munificence et de la folie des grandeurs est attisé par les louanges des griottes. Ces maîtresses de la parole dopent la rivalité entre les donatrices. L'instant est magique. Mais le lendemain sera morose.
Femme et extravagance: Les illusionnistes
Pour paraître « uniques », certaines de nos sœurs n’hésitent pas à s’endetter le jour du mariage d’un proche.
La tendance semble malheureusement irréversible. Les cérémonies sociales sont devenues aujourd'hui des occasions d'étaler ostensiblement les symboles de fortune ou de réussite. C'est un engrenage infernal qui fait perdre la tête aux esprits. Même les plus rationnels en apparence y succombent. De plus en plus souvent des gens étiquetés comme raisonnables s'abandonnent aux attitudes les plus insensées. Mais comment résister quand tout dérape, et en premier lieu, la nature même des cérémonies ?
La tendance semble malheureusement irréversible. Les cérémonies sociales sont devenues aujourd'hui des occasions d'étaler ostensiblement les symboles de fortune ou de réussite. C'est un engrenage infernal qui fait perdre la tête aux esprits. Même les plus rationnels en apparence y succombent. De plus en plus souvent des gens étiquetés comme raisonnables s'abandonnent aux attitudes les plus insensées. Mais comment résister quand tout dérape, et en premier lieu, la nature même des cérémonies ?
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