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Politique nationale : La refondation nécéssaire dans les partis politiques

 La refondation  nécéssaire dans les partis politiques  

Une question à un sou ! Que font les partis politiques burkinabè entre deux scrutins ? Réponse : presque rien. Ils se tournent les pouces.

Ainsi, c’est à peine si les plus actifs organisent les réunions périodiques de leurs instances de direction, publient des déclarations et organisent des conférences de presse les unes aussi stéréotypées que les autres. Vous en avez lue une que vous pourrez ne plus lire les autres tellement elles sont redondantes, touffues et brillent par leur manque d’originalité. C’est comme à une certaine époque où les tracts d’un certain Parti communiste révolutionnaire voltaïque (PCRV) commençaient presque invariablement par cette imprécation sibylline : « La situation nationale est trouble et complexe » pour se terminer par l’expression populiste de bon cru, « Pain et liberté pour le peuple ! » Aujourd’hui les analyses ne volent pas plus hauts.

C’est à peine si leurs rédacteurs ont épuré le jargon oppositionnel de ces terminologies apocalyptiques. Des exemples ? Rien que la semaine dernière, les lecteurs de la presse nationale ont été gavés de sentences catastrophistes du genre : « le navire du Burkina à la dérive », « monsieur le capitaine, rectifiez cette démocratie », « refondation nationale » ou gare à « l’enfer » prophétisées en novembre 2005 par le professeur Bado Laurent, président du Parti pour la Renaissance nationale (PAREN). Ce qui est en cause ici, c’est moins la violence des invectives que le rôle d’épouvantail existentiel dont elles sont chargées. De fait, qu’un opposant caricature le parti au pouvoir sous des traits grotesques ne devrait pas étonner.

Mais que l’ensemble de l’opposition significative ne vive et ne soit visible que par les coups de gueule dans la presse, il y’ a de quoi douter de sa crédibilité. Tous les opposants ne sont pas des aigris affamés de billets de banque ou de vengeance, non ! Mais le mal qui les ronge est tout aussi grave. Ils n’ont pas d’idées ni de génie politique. Difficile alors de mobiliser du monde. Même les sankaristes qui amassent foules chaque 15 octobre sont transparents entre deux scrutins et tout aussi rongés par la faiblesse de la réflexion politique.

A cette allure, il n’est pas exagéré de dire que nos partis politiques entre deux scrutins n’existent que par et dans la presse. Leur rôle constitutionnel d’animation de la vie politique est bâclé, pas seulement par le manque de moyens logistiques et financiers mais aussi et surtout par la pauvreté de la réflexion et des initiatives sur le terrain. En vérité, il y’a des associations villageoises qui sont plus inventives sur le terrain de la mobilisation continue des citoyens que bien de partis politiques qui rêvent cependant de créer l’alternance. Outre leur manque d’ingéniosité, certains dirigeants de parti n’ont aucun savoir-faire dans la gestion des hommes et sont paresseux de surcroît, d’où leur démission à aller à la rencontre des citoyens.

Par exemple, il suffit de si peu pour organiser une conférence publique, une veillée-débats, une réunion de secteur ou de village pour entretenir la flamme militante et pour « vendre » les points de vue du parti sur des questions d’actualité et/ou d’intérêt national. Le problème, c’est que même les partis les plus lilliputiens, avant même que l’ensemble de leurs adhérents ne puissent remplir une cabine téléphonique,voient grand et sont pressés d’arriver aux affaires. Et leurs stratèges, encore que le mot est trop fort, ne jurent que par les déclarations de presse pour espérer prospérer. Bonjour alors l’hibernation des structures de base du parti ! Même le CDP, le parti majoritaire, est aussi gagné par la léthargie sclérosante de l’entre-deux scrutins.

Les élections passées, adieux les campagnes, au sens propre du terme. Certes, il y’a des élus du parti présidentiel qui font l’effort d’être en contact permanent avec les populations à la base. Des coupes de députés ou de maires, des meetings de remerciements, on nous en met plein la vue. Mais quand l’observateur s’attend à ce que à l’occasion de ces grands rassemblements, monsieur le député ou monsieur le maire mette en avant la vie, les options, la stratégie du parti, c’est le clientélisme qui prend le pas sur tout autre chose. Vive la kermesse des bamboulas « prodadatiques ».

On n’enracine pas ainsi l’esprit citoyen dans la population, notamment chez les plus jeunes. Serait-ce un luxe, un idéalisme éculé que d’appeler les partis à animer autrement la vie politique ? Et si la « refondation » de la démocratie au Burkina commençait par ce B-A BA de la vie des partis ? A moins que derrière ces grands mots ne gisse, en état de latence mal dissimulée, une volonté de raccourci démocratique du genre, ôte-toi que je m’y mette.

Djibril TOURE

L’Hebdo



11/02/2008
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