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Qu'en pense les spécialistes du comportement

 M. Roch Audacien D. DAMIBA, conseiller conjugal : «  je ne vois pas comment un mariage sérieux peut véritablement être fonder sur ces relations qui naissent du net » 

 

 L'amour né du net peut- il prospérer ?  Pourquoi les femmes de plus en plus se fient au net pour chercher l'âme sœur ? Est-ce un échec des parents dans l'éducation des enfants ? Telles sont entre autres questions que nous avons posé au spécialiste des couples : M DAMIBA.  L'homme qui n'est plus a présenté a accepté nous recevoir dans son cabinet où il exerce depuis son retour définitif du Niger. Sans détour, il a apporté des réponses à nos interrogations, lisez plutôt. 

 

Qu'est ce qui selon vous pousse aujourd'hui les burkinabé et particulièrement les femmes à rechercher l'âme sœur sur le net ?

 

Donatien DAMIBA : Je pense, a mon humble avis qu'il y a un constat à faire. Le constat que je fais c'est que, les jeunes filles, aussi bien que les garçons n'ont  plus de repères. J'entends par repères, des personnes auprès desquelles, ils peuvent aller se confier, poser leurs problèmes, trouver des orientations. C'est comme si les jeunes sont délaissés à eux-mêmes. Et puis que après tout, avoir un(e) ami(e) est légitime, j'allais dire naturel, si on a pas de référence ailleurs, si on a pas de base ailleurs, et que l'Internet via le tchat semble offrir ce cadre là, eh bien, ça ne sera que la course effrénée vers cette nouvelle donne. Il manque de cadre ou effectivement, ces jeunes auraient pu se rendre, pour trouver des gens, qui puissent les conseiller, les orienter. C'est comme ça que j'explique cette soudaine course vers le net pour rechercher l'âme sœur.

 

Existe-t-il une différence entre cette nouvelle donne et les bonnes vieilles habitudes de drague ?

 

D.D : Je crois les deux systèmes, les deux démarches ont leurs avantages et leurs inconvénients. C'est vrai, les bonnes vieilles habitudes faites de rencontre et de rédaction de lettre ne sont qu'une première étape qui ouvre une perspective de rencontre, de communication avec la personne. Mais je me dis que, que ce soit par les bonnes vieilles habitudes, ou par le net, la décision finale ne peut pas s'arrêter à ce niveau, il faut un jour ou l'autre que les deux se rencontre face à face,et savoir qui est réellement l'autre. Parce que par l'écrit, on se faire des illusions. A mon avis, ce sont des démarches qui doivent nécessairement conduire à une rencontre physique. Et ce n'est qu'après cette rencontre sinon après plusieurs rencontres que l'un et l'autre pourront faire la part des choses avant de se décider.

 

En tant que spécialiste des couples, pensez vous que l'amour né du virtuel peut prospérer ?

 

D.D : Je pense que c'est un amour qui est assez superficiel. Si nous voulons comprendre le mot amour, d'abord, qu'est qu'on aime ? Quand je dis que j'aime quelqu'un, qu'est ce que j'aime dans cette personne là ? Ce n'est pas parce qu'il m'envoi de très belles phrases, qu'il me lance des mots ce cela. L'amour en tant tel doit impliquer la  connaissance du caractère de l'autre, je sais qu'avec cette personne nous pouvons bâtir une vie commune, il y a des qualités dans cette personne que j'apprécie. Et je me demande comment par le tchat on peut dans un lapse de temps connaître les qualités intrinsèques d'une personne. Je me dis que cela est un peu dangereux. Pour moi, en tant que spécialiste des couples, je ne vois pas comment un mariage sérieux peut véritablement être fonder sur ces relations qui naissent du net a moins que ces premiers pas conduisent à un contacte physique et un temps que l'on prend pour se connaître pour savoir qui est l'autre. Il faut se dire,  avant de nouer une relation solide, nous avons besoin de connaître quel est notre arrière plan culturel, social, qu'est ce qu'on a été dans le temps ? Parce que, quant on épouse une personne, on épouse le tout. Je ne pense donc pas qu'avec le net on puisse vraiment arriver, c'est vrai qu'on ne peut jamais connaître totalement l'autre mais il y a cas même un minimum de paramètre u'il faut maîtriser avant de dire, je lie ma vie à cette personne.

 

Le temps d'observation faite de rencontre physique est donc primordial dans la consolidation de la relation de quelqu'un qui cherche une compagne sur le net ?

 

D.D : Je suis bien placé pour le dire Je reçois dans mon cabinet toute sorte de personne. Je vais même à dire que des gens même qui se sont rencontres et qui n'ont pas pris le temps de poser certaines questions, de mûrir ensemble, c'est dangereux. J'ai vu des gens qui sont venus me dire,  « je ne reconnais plus la personne que j'ai épousé en faite, je m'étais tromper sur son compte ». Vous comprenez ? Si déjà, avec un minimum de contact, de découverte on arrive à de telles conclusions, que dire alors si cette affaire est basée sur des échanges sur le net ? Je pense donc que ce sont des relations qui aboutissent difficilement. Mais, je préfère être cas même réserver pour dire que,on ne sais jamais,il se peut qu'il y aie des gens,qui par ce biais, ont réussi à fonder un foyer stable,harmonieux ou ils ont le joie de vivre ensemble. Mais l'à je dis, ce serait l'exception qui confirme la règle.

 

Pensez- vous donc que les parents ont échoué dans l'éducation des enfants ?

 

D.D : C'est clair. Pour moi, tout le problème est là. Je ne crois pas que c'est d bon cœur que les jeunes courent vers le net. C'est parce qu'à la maison, il ne sont pas encadrés. On ne leur montre pas quel est l'importance du mariage. A quoi ils s'engagent, sinon ils comprendraient que ce n'est pas par le net qu'il faut courir pour chercher l'âme sœur. Je crois que quelque part, les parents ont échoué. Il y a une démission aujourd'hui et là, comme j'aime souvent le dire, ça va nous entendre tous. Parce que, on va assister de plus en plus à des mariages disloqués et Dieu seul sais ce que ça fait quant u foyer est rompu est cassé. Tous les dégâts que ça cause, pas seulement pour les deux, si entre temps il y a eu des enfants, et même les parents. Un mariage défait a des conséquences sur au moins une dizaine de personne autour, donc ce n'est pas impunément, qu'on s'engage avec légèreté dans le mariage, il y a toujours des conséquences. Et pour répondre à vôtre question, je pense que là, il y a une démission de la part des parents et il faut que cela soit dit.

 

En tant que spécialiste, quel conseil à l'endroit des tchatcheurs et tchatcheuses qui espèrent une rencontre pour fonder un foyer ?

 

D.D : Encore une fois de plus, je dis que ce n'est pas de leur faute, c'est parce qu'ils se sentent abandonner, qu'ils sont obligés de courir vers le net. Mais, connaissant la portée du mariage, je leur dis que ce n'est pas une base solide pour fonder un foyer. Par conséquent, il serait mieux de retourner aux bonnes vieilles habitudes et entre autres s'approchés des aînés. Je crois que si les aînés n'ont pas le courage de faire le premier pas vers les jeunes, c'est aux jeunes d'aller vers eux pour poser leurs problèmes. Tout dernièrement j'étais avec un jeune homme, il est marié et à 17 ans de mariage et il m'a dis quelque chose qui a retenu e mon attention, il a dis :  « il n'appelle  plus sa femme, ma femme, mais la mère de ses enfants » Je lui ai demander quelle est la différence,et il m'a dit, lui il a été au village,et les vieux ont dit nous nous n'appelons  nos femmes là nos femmes, mais les mères de nos enfants, c'est un lien plus fort, ça veut dire que cette femme ce n'est pas n'importe qui, quant elle est  mère de tes enfants. Mais quant tu dis c'est ma femme, ça veut dire que c'est un autre être que tu peux balancer du jour au lendemain quant tu dis la maman de mes enfants, le lien est très fort. Vous comprenez ? Alors moi j'ai appris la leçon.

Je pense que les jeunes auront beaucoup à gagner en s'approchant des aînés et pour quoi  des spécialistes, tel que les conseillers matrimoniaux, les conseillers conjugaux ce n'est pas pour faire de la pub, en tout cas des gens habilités pour prendre conseil car je crois que le net ne suffis pas.

 

                                                               Frédéric ILBOUDO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Athanase NIKIEMA : Psychologue consultant indépendant 

 

 « Goût de la facilité… manque d'affection sont entre autre ce qui pousse les femmes sur le net ».

 

Qu'en pensent les spécialistes du comportement des rencontres sur Internet ? Effet de mode ou réel besoin de rechercher l'âme sœur ? L'amour du virtuel a-t-il des chances de prospérer dans notre société ? Nous avons essayé d'avoir des éclaircissements avec M Athanase NIKIEMA psychologue et spécialiste de comportement humain.

 

Nombreux sont ceux qui pensent que les problèmes du continent  africain proviennent « des singeries » que sans cessent ses fils imitent de l'occident. Des imitations en total déphasage le plus souvent avec nos réalités, nos vécues, nos us et coutumes. On ne prend pas assez le temps d'adapter les choses à nos réalités. Les  TIC ne déroge  pas à cette vérité. Les rencontres sur Internet via le tchat sont l'expression concrète de cette assertion. Pour le spécialiste du comportement cette couse effrénée pour les rencontres peuvent être analyser sous plusieurs angles. Il y a  la recherche de la facilité. Une situation qui s'explique par la peur. La peur d'être rejeté par l'autre. Sur le tchat, la barrière du virtuel, permet à chacun de se préparer à dominer cette peur avant de décider d'une quelconque rencontre qu'on pourra toujours annuler. En somme le tchatcheur détient les cartes en mains.

 Qu'en est- il du cas spécifique des femmes ?« Pour ce qui concerne la présence des femmes sur le tchat à la recherche de l'âme sœur, il faut le placer sous l'angle de la déception. Certes la déception est commune, parce que présente également chez les homme. Mais, chez la femme, cela s'explique surtout par des cas de déception qui se dissimule dans la méfiance vis-à-vis des hommes. L'Internet donne alors une possibilité à ces femmes de poser des préalables qui sont ceux de la découverte de l'autre pendant un certain temps pour au moins rechercher des points d'affinités avant d'envisager toute rencontre » a soutenu M Athanase NILKIEMA. Pour le spécialiste, d'autres femmes y vont au tchat parce qu'elles jugent que dans  les bonnes vieilles méthodes de dragues elles ne trouvent pas satisfaction. «  Soit parce qu'elles trouvent que les hommes viennent peu vers elles, ou bien elles considèrent que ceux qui viennent vers elles ne les satisfont pas. Par conséquent elles s'en vont chercher ailleurs. J'ai fais une prospection sur le tchat  et je me suis rendu compte que la plupart des personnes de sexe féminin qui y vont sont des sujets qui disent n'avoir pas été abordés pendant un certain temps par un homme. Ce sont des personnes qui trouvent que les hommes ne viennent pas régulièrement vers elles. Elles sont en manquent d'affection côté homme et le tchat est un moyen de pouvoir comblé ce vide affectif ».  Cela peut s'expliquer aussi par une approche de la personnalité de la tchatcheuse. Ce que le psychologue appelle le déterminisme de la personnalité.  « Ce déterminisme s'appui sur l'environnement dans lequel il évolue et le milieu familial ou elle se trouve joue un rôle et à sa part d'influence sur le psychisme et déterminer déjà un profile psychologique en attendant que l'environnement extérieur par achève cette personnalité. C'est dire donc que les parents n'obtiennent pas de leurs enfants la personnalité qu'ils veulent d'eux. Une personnalité s'acquière à partir d'un certain nombre d'expérience vécues ». 

 

Un amour bâti sur du sable ?

 

L'étude du comportement de l'individu débouche sans conteste sur la société dans laquelle il évolue. De ce fait la psychologie qui étudie le comportement de l'individu prend en compte son milieu. Le contexte socioculturel est donc un facteur déterminant dans la consolidation des relations d'amitié et d'amour des individus évoluant dans une même société.

 De l'avis du spécialiste, il sera difficile pour ce genre de couple de prospérer dans leur amour au regard du contexte dans lequel ils évoluent.

 Et d'affirmé : « je vois mal des gens qui se sont rencontrer sur Internet aller dire à leurs parents l'origine de leur rencontre, ils seront gênés. De la même manière qu'une fille n'aimera pas qu'on dise le jour de son mariage qu'on là rencontré sur la route, de cette même manière, elle n'aimera pas qu'on dise que la rencontre s'est faite sur Internet. Et je ne vois pas comment leurs parents de cette fille pourront comprendre et même tolérer cela. C'est dire donc que c'est un couple qui va s'engager en se voilant la face en évitant de dire la vérité sur leur rencontre. Et comme vous le savez, tout  ce qui se construit dans le mensonge a peu de chance de prospérer »

 

 

Un danger pour notre société

 

Le mariage en Afrique de façon général et au Burkina en particulier est une affaire de famille. Il va au delà des deux individus qui se sont vus, qui se sont aimés et qui ont décidé d'unir leur destin. C'est dire donc que c'est un évènement à prendre avec le plus grand sérieux. Au-delà du danger que constitue l'Internet avec les prédateurs que sont les maniaques sexuels et autres proxénètes à l'affût avec des propositions alléchantes, pour le spécialiste, le danger va plus loin que cela :   « Les rencontres sur le net,  si elles prennent de l'ampleur pourraient à terme provoquer une grave fracture sociale. Au niveau des individus, l'incompréhension et le déphasage avec nos réalités sociales feront qu'en eux-mêmes ils ne pourront pas construire vraiment quelque chose de consistant à partir de leur union ce qui va causer une  rupture sociale à partir du moment donc où ce phénomène prendra de l'ampleur, ce sera la déchéance de la société ». Savoir raison garder, mûrir sa réflexion, se projeter dans le futur et se questionner sur l'avenir d'un couple fonder  à partir des rencontres faites sur le net, telle est la réflexion que lance M NIKIEMA à toutes celles et à tous ceux qui pensent que leur bonheur se trouve sur le net. A chacun donc de se faire sa propre opinion et savoir quel genre de foyer il veut bâtir pour lui-même et pour ses progénitures. Ce foyer sera-t-il en phase avec nos valeurs sociales et culturelles ?

                                                          Frédéric ILBOUDO

 

 

 

 



13/02/2007
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