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Refondation/Question ventrale ou centrale ?

Question ventrale ou centrale ?

Ainsi qu’ils l’avaient annoncé «suite aux émeutes de la faim qui ont touché plusieurs villes» un groupe de partis politiques de l’opposition auto baptisé «refondateurs», a «pondu» un «rapport d’étape» sur la situation nationale.
Et, comme nous le subodorions, il n’y a pas de quoi fouetter un chat.

Me Hermann YAMEOGO, principal leader du Manifeste de la Réfondation

Si le dicton affirme que «la fortune sourit aux audacieux», il est tout aussi vérifié qu’il ne faut pas se jeter sur n’importe quelle opportunité, sauf à vouloir se couvrir de ridicule dans certains cas.
Voilà ce que l’on pourrait dire de la démarche des refondateurs du 5 avril 2008, à la lecture du rapport d’étape qu’ils ont récemment produit sur la situation nationale. Un rapport moins virulent que leur premier manifeste dans lequel il était question d’une «déliquescence générale» aussi bien au plan politique que social, qui nécessitait que tout soit remis à plat, pour une redistribution des cartes. Et, nos refondateurs n’avaient pas manqué de tomber à bras raccourcis sur un régime anti-démocratique qui «favorisait» l’impunité à tous les niveaux. Dans leur rapport d’étape, une telle virulence ne transparaît pas, nos refondateurs se contentant de préconiser plan politique, de «créer les conditions indispensables afin de mettre fin à l’impunité de toute nature», cependant que sur le plan socioéconomique il est demandé aux gouvernants de travailler en faveur «de la moralisation de la vie en luttant contre la corruption et en faisant la promotion du civisme, des questions d’éthique et de solidarité». Quand on sait que ces points de revendication ont toujours constitué des axes centraux de la gouvernance COMPAORE, avec ces derniers temps, une accélération dans la lutte pour la moralisation de la vie publique, on perçoit que nos refondateurs ont voulu profiter d’une situation pour faire leur beurre à peu de frais. Croyant que les manifestations susindiquées, ébranleraient le pouvoir dans ses fondements, ils se sont présentés en pompiers redresseurs de torts, prêts à apporter leur contribution à la construction de la maison commune. Une initiative louable en principe, sauf que dans le cas d’espèce, des calculs machiavéliques la sous-tendaient. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, le parti au pouvoir avait lui aussi maille à partir avec ses propres refondateurs. Ayant peut-être, trop préjugé de l’ampleur de ce «séisme» politique d’une part, et surfant sur la vague de la vie chère d’autre part, ils se présentaient en alternative crédible. Or, le Faso ne s’est jamais mieux porté que de nos jours, avec la volonté affichée d’assainir la vie politique et économique d’une part, et les nombreux acquis engrangés, au plan international de l’autre. Les régies fiscales et douanières engrangent des recettes substantielles et leurs rapports sont devenus plus fluides avec les usagers. Et, comme le Premier ministre veut instituer la culture du suivi, on peut dire que ce ne sont pas des actions ponctuelles. Au plan international, il convient de ne plus trop s’attarder sur les résultats, ceux-ci étant visibles par tous. C’est dire, si nos refondateurs sont totalement en déphasage, enfermés qu’ils sont dans leur bulle spéculative. S’ils veulent «s’investir dans une large consultation nationale en vue de reconstruire un nouveau contrat social», ils devront chercher leurs partenaires, le pouvoir lui étant occupé à remplir le contrat qu’il a passé avec le peuple lors de la présidentielle de novembre 2005. Lutte pour l’autosuffisance alimentaire à travers la promotion des semences améliorées et de l’agriculture irriguée, édification de villes moyennes viables, emploi des jeunes, lutte contre la pauvreté rurale, modernisation des infrastructures, promotion du tourisme… les chantiers ne manquent pas, pour que l’on se laisse aller au divertissement politique. Et, si nos refondateurs ont des aigreurs d’estomac, ils ne devront s’en prendre qu’à eux-mêmes, si tant est que l’opportunité leur a été donnée de faire la preuve. Comme la chance repasse rarement, qu’ils leur plaisent de rester dans la situation qu’eux-mêmes ont voulu du fait de leur incurie : hors-jeux.

Par Alpha YAYA



01/09/2008
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