Témoignage
Témoignage
Ma vie de talibé
Ce jeune homme dont vous allez connaître l'histoire, nous l'avons rencontré par pur hasard dans un restaurant à Ségou. Alors que nous nous entretenions là en mooré entre ressortissants burkinabè présents pour le forum, il s'est approché de nous et s'est présenté en mooré. Dans les échanges, les jours qui ont suivi notre première rencontre, lui et nous avons appris à mieux nous connaître et alors il nous a conté son histoire d'enfant talibé.
« Je me nomme Madi OUEDRAOGO. Je suis ressortissant de la province du Bam, chef lieu Kongoussi. Je n'ai jamais été là-bas parce que je suis né à Badala dans l'Ouest du Burkina. Je suis 5e d'une famille de 8 enfants dont l'aîné ne vit plus. Cela fait trois ans que je suis à Ségou au foyer coranique de mon maître Ali KOUANDA lui-même Burkinabè. J'ai fini la première partie de mes études, mais, je n'ai pas encore eu d'argent pour faire le Doua de fin d'études. Actuellement, je suis au niveau supérieur qui est l'étude des Kitabs. C'est pour ne pas mendier que je suis serveur dans ce restaurant, « Cantine de la douane », où je gagne 5 000 FCFA par mois. La vie du talibé, à vrai dire, n'est pas facile. Pendant la saison des pluies, le maître nous envoie, nous les plus grands, à Niono dans les champs de riz pour travailler.
Là-bas, nous sommes payés à 15 000 FCFA par parcelle des semis à la récolte. Dans notre foyer coranique, nous sommes au nombre de 40 enfants dont l'âge varie entre 5 et 30 ans. Nous sommes tous Burkinabè et la plupart d'entre nous sont venus de Bobo-Dioulasso avec le maître. Pour vous dire vrai, j'ai quitté le Burkina sans papier et aujourd'hui j'avoue ne pas connaître mon âge réel. Pour ce qui est de la prise en charge, dans notre foyer coranique, les plus grands sont à la charge du maître. Quant aux plus petits (5 à 8 ans), eux doivent se débrouiller dans la mendicité pour survivre. En cas de maladie, il n'est pas question d'aller au dispensaire ou à l'hôpital. Le maître et les aînés disposent de sourates, de certaines incantations et des produits faits à base de talismans pour nous guérir, ou nous soulager. Mon souhait le plus ardent est de pouvoir repartir à Badala revoir mes parents que je n'ai pas vus depuis plus de trois ans. Mais comment faire ? Pour ce qui est de mon avenir, il est dans l'école coranique. S'il plait à Dieu, un jour, je serai également maître coranique pour transmettre mon savoir à d'autres. De toute façon que pourrais-je rêvé d'autre sinon cela ? »
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