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Yeleen /Une lumière au firmament de la musique Burkinabè

Yeleen

lundi 31 décembre 2007.
 
Le Tchadien Célestin Mawndoe et le Burkinabè Kiekieta Louis Salif brillent par leur modestie et leur simplicité naturelle. En studio ou sur scène, ils se métamorphosent respectivement en Mawndoe et Smarty pour former en 2000 le groupe de rap Yeleen - la lumière en langue bambara.

Les mégaconcerts tout comme les rues populaires de Ouagadougou et des autres capitales d'Afrique sont leurs éléments. Il suffit d'allumer la brèche de leurs micros pour que le duo, à la tchatche musicale élaborée, démontrent leurs talents de pyromanes musicaux. Les mots constituent leur arsenal, les quatre musiciens qui les accompagnent leurs commandos. Et Yeleen ne se retrouve jamais à cours de munitions. Si leurs phrasés font mouche à tous les coups, leurs musiques, enracinées en Afrique mais métissées avec des sonorités du Nord, font groover-bouger le public.

Toujours proches des réalités Que ce soit en moré, en dioula, en français ou en arabe, ils décrivent dans leurs textes les réalités quotidiennes de leurs compatriotes africains et dissèquent subtilement les maux du continent dans un style Hip Hop, Rap et Afro-soul. « C'est comme un tableau de peinture. Nous peignons avec les mots ce que nous vivons, sans artifices. Nous chantons ce qui ne va pas mais aussi ce qui va bien », explique Mawndoe dans un maquis de Cotonou où ils transitent avant de s'envoler pour le Gabon où ils sont attendus pour un concert. Distillant ainsi une lueur d'espoir à la jeunesse marquée au fer chaud par l'indigence et l'absence de projets, un message de paix mais aussi un éclairage sur la géopolitique ô combien agitée d'une Afrique désunie. « Si nous parlons de politique, c'est toujours avec délicatesse et dans la suggestion. Nous ne sommes attachés à aucun parti, nous sommes libres de nos idées et ne subissons aucune influence. En tant qu'artiste, on raconte ce qu'on voit ce qu'on sait mais nous ne sommes pas des acteurs politiques, juste des simples citoyens parfois révoltés ».

Dans leur troisième opus, dans les bacs depuis 2006, « Dar-Es-Salam » - terre de paix en arabe-, le duo de rappeur n'épargne pas la classe dirigeante africaine, jetant l'anathème avec tact sur la corruption, les trafics d'influence et autres turpitudes politiques. Marqués et inspirés par les valeurs de feu Sankara, Cheikh Anta Diop, Lumumba, ils propagent leur message de paix sur le continent. Aux antipodes des clichés US de rappeurs bling bling assoiffés de pépètes et de naïades stringuées, Yeleen garde les pieds sur terre et continue de miser avec zèle sur la qualité textuelle et musicale, fruit d'un travail acharné. C'est leur marque de fabrique. Ce qui explique la longévité de leur succès qui, depuis six années, ne s'amenuise pas.

De l'ombre à la lumière

Avant de brûler les planches des plus grandes scènes ouest-africaines et d'égréner les festivals d'Europe et du Canada, la route fut longue et semée d'embûches. Ces rossignols urbains ont dû se battre pour survivre d'abord, pour percer ensuite. « Personne ne misait sur nous, on s'attendait au pire. En Afrique, on vit au jour le jour sans prévoir dans un mois ou un an ce que notre vie sera. On a du supporter beaucoup d'aléas mais nous sommes restés fixés sur notre objectif », racontent-il avec fierté et émotion. Des épreuves, ils en ont traversées dans les cayucos de la galère urbaine africaine.

Jeune sculpteur sur bois, Mawndoe a quitté le Tchad en 1999 pour tenter sa chance à Ouaga. Dans les méandres de la capitale burkinabé, il fait la rencontre de Smarty qui, depuis son retour précipité de Côte d'Ivoire, multiplie les petits boulots à la pelle tout en rappant. De leur rencontre jaillit la lumière dés 2001 avec leur premier album « juste 1 peu 2 lumière ». Lors du premier concert, le jour de sortie de la cassette, « nous avions tous les problèmes. Nous étions endettés…Mais les gens sont venus avec des bougies dans une salle de 800 personnes pour nous soutenir. Je m'en souviendrais toujours. Ça a fait chaud au cœur », se rappelle Mawndoe. En décembre 2003, Smarty et Mawndoe renforcent leur ora avec leur second album titré « Dieu seul sait ».

Leurs musiques sonnent juste dans les oreilles du public. Et tout s'accélère. Salles combles au Burkina, tournée à guichets fermés en Côte d'Ivoire, au Mali, en Europe et au Canada. Sur la route du succès, le duo rafle cette année la prestigieuse récompense musicale Kundé d'or. Et se permet le luxe de remplir en 2003 le stade de Ouaga avec 20 000 personnes en liesse. Une première ! Jamais aucun artiste burkinabè n'a relevé ce défi. Loin de se reposer sur leurs lauriers, ils enchaînent les concerts et préparent la sortie du prochain album en Europe avec beaucoup de featurings d'artistes africains. Ils étaient le 29 septembre dernier au stade de N'Djamena et fourbissent une tournée des festivals en Europe.

Abou OUATTARA Source : Journal d'Afrik.com



07/01/2008
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