« Poussière de sang » de la compagnie Salia nï Seydou/Quand le corps exprime sa douleur
Quand le corps exprime sa douleur
La compagnie Salia nï Seydou a livré son cru « Poussière de Sang » le vendredi et Samedi 30 et 31 Mai 2008 au CDC la termitière. Devant un public composé de professionnels d’artistes de tous genre et de profanes, les 7 danseurs et les 5 musiciens et chanteurs ont tout simplement séduit.
Une femme. Vêtue d’une robe rouge sang, entonne, dans un silence de cathédrale, l’hymne aux esclaves. Un chant qui, malgré la douceur de la mélodie, dégage un nuage de tristesse, annonce déjà, gémissements, souffrance, violence, sang, mort. Au fond de la scène, deux corps se mélangent cherchant leurs repères et sortent en catimini de la lumière pour les ténèbres. D’un cri strident, la femme (Djata ILEBOU) se livre à une incantation en langue gourounsi, qui met un corps en transe. Sur le sol, la terre blanche maculée de sang donne le décor dans lequel va se conter l’histoire. L’histoire de la cruauté des hommes. Pendant une heure d’horloge, le spectacle donne à voir des corps en déchéances, des corps en souffrances, des corps en quête de paix, d’amour, des corps en quête de vie tout simplement. Mais que la cruauté des hommes refuse de donner. Dans des mouvements tantôt lents, tantôt accélérés les 7 danseurs décryptent pour le public, l’essence de la violence et ses répercussions sur l’homme, et dans sa chaire, et dans son esprit. Les chutes, les empoignades, la brutalité de certains pas, la qualité du mouvement et la dualité du gestuel qu’interprètent les danseurs sont uniques. Comme pour dire qu’une violence, même à l’échelon familial, peut être planifié et exécuter avec souvent, sans le vouloir, une répercussion d’une magnitude inimaginable au sein de la société. Voyez ce qui s’est passé au Rwanda, au Burundi ou en Côte d’Ivoire à côté. « Poussière de sang » est une pièce qui interpelle la conscience humaine sur le tort que cause la violence et la souffrance sur l’être humain. « Poussière de sang » a été créé dans un pays (Burkina Faso) certes en paix, n’empêche, son thème est d’actualité et chacun doit y voir dans cette chorégraphie, un appel à plus de dialogue, à plus de compromis pour gagner la paix. Sinon, « nous seront des corps et des voix qui marcheront par nécessité, mais sans certitude, et surtout pas celle d’exorciser, guérir ou réparer les torts de l’un ou de l’autre ».
Chorégraphiée magistralement par Salia Sanou et Seydou Boro, « Poussière de sang » est une pièce musicalement accompagnée par Oumarou Bambara, Adama Dembélé qu’on ne présente plus, Mamadou Koné, et Pierre Vaiana. La lumière est assurée par Eric Wurtz, les costumes par Martine Somé, tandis que la scénographie est l’œuvre de Siriki KY. Sur scène, la chorégraphie est magnifiquement interprétée par Salia Sanou, Seydou Bor, Djata Ilébou, Adjaratou Ouédraogo, Ousséni Sako, Bénédicth Sene, Boukary Séré, Asha Thomas. A la lumière on retrouve Anne Dutoya et à la régie général Eric Da Graça Neves. Cette aventure a été possible grâce à la coproduction de structures comme
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